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Critique de Fabinou7


« En dehors de sa poésie, Cavafis n'existe pas. » Georges Séferis. Presque inconnu de son vivant, Constantin Cavafis fut un être double. Fonctionnaire pour le jour, et poésie pour la vie.

Doubles, ces poèmes le sont encore.

« Ithaque t'as offert ce beau voyage.
Tu n'aurais pas sans elle pris la route.
Elle n'a plus rien à t'offrir. »

Le grec d'Alexandrie, aux poèmes helléniques d'une grâce aérienne, d'un académisme fluide et d'une érudition accessible - le lecteur est invité à gravir les marches immaculées d'un palais d'Ithaque, surplombant l'horizon azur de la mer Ionnienne, le soleil orangé caressant les blanches colonnes corinthiennes, au loin les éparses pinèdes et l'écho des oiseaux.

Tout cela transpire dans sa poésie, sans jamais être décrit. Paradoxe. C'est au lecteur de répondre à ces suggestions et de planter le décor en y associant sa propre culture et son imaginaire. C'est « la poésie la plus antipoétique » note Michel Volkovitch dans sa Préface.
Cavafis va chercher au plus profond de la Mythologie, des paysages, mais n'en ressort que l'écume, quelques strophes épurées, perdues dans l'interligne de la vaste page.

Et puis, les voluptés clandestines. le poète se fait chair, ses yeux déshabillent les corps des amants de sa mémoire. A nouveau, Cavafis suggère - la sensualité des réminiscences. La peau se souvient et dicte au poète qui traduit ses parfums oubliés.

« Plaisirs de la chair venus
des vêtements entrouverts ;
chair brièvement mise à nu – dont l'image
a parcouru vingt-six années, pour venir à présent
demeurer dans cette poésie. »

Ces deux poètes se réconcilient dans la forme : une tension dramatique, la même lorsque deux jeunes hommes se désirent ou qu'Aristobule est assassiné dans son Palais.

Sa pudeur est presque avare, ses vers sont pareils aux images du passé qui se brouillent dans notre mémoire, ne laissant qu'une impression floue… mais avec quelle force de certitude nous nous accrochons à elle… C'est tout ce qu'il nous reste.

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