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Critique de Rodin_Marcel


Cavanna François Sur les murs de la classe : textes de François Cavanna et de nos auteurs de la Communale – éd Hoëbeke, oct. 2003 – 144p., 30x25cm, relié (ISBN 978-2702887481 ou 2-84230-184-6)

L'ouvrage est divisé en deux tranches chronologiques : 1850-1940 puis 1950-1960. Grâce aux musées cités dans "Source des illustrations", l'éditeur et Cavanna ont pu reproduire les grandes affiches issues principalement (mais pas seulement) des fonds "Rossignol" et "MDI-Jean Anscombre) : saluons la grande qualité de ces reproductions, dont une bonne partie effectuée en pleine page pour le plus grand plaisir de l'oeil.

François Cavanna commente ces tableaux avec la verve qu'il déploie déjà dans son excellente autobiographie d'enfance intitulée "Les ritals" (à lire de toute urgence si ce n'est déjà fait, un véritable régal). Dans ce recueil, vous retrouverez aussi bien "Roland à Roncevaux" que "Vercingétorix déposant ses armes devant César", ou encore l'assassinat du bon roi Henri IV par le vilain Ravaillac, les cartes des voies de communication de la doulce France, la germination de la graine du haricot ou la récréation, accompagnés le plus souvent du devoir à faire ou du résumé qu'il fallait apprendre par coeur.

Pour ma part, je me limiterai à deux observations complémentaires, car j'ai moi-même bénéficié dans les années cinquante et soixante des derniers feux de l'école républicaine modérément laïque, la vraie.

Première remarque : si ces images nous ont tellement frappés, si elles se sont imprimées au fond de notre mémoire visuelle, c'est qu'elles intervinrent avant le déluge audio-visuel qui ne cesse d'augmenter depuis la généralisation de la télévision puis du Web. Notre génération peut encore imaginer l'éblouissement des générations antérieures devant un tableau pendu dans une mairie ou une église, puisque les images d'une telle taille étaient rares, et les magazines comme "L'Illustration" réservés aux plus fortunés. Cette diffusion n'avait rien de commun avec le flot ininterrompu d'images toutes plus vulgaires ou violentes les unes que les autres qui dénaturent aujourd'hui complètement la perception esthétique des générations nées grosso modo après ce raz-de-marée.

Deuxième remarque : l'époque évoquée ici est celle de l' "instruction publique", l'époque où l'Etat républicain et laïque sut intégrer des millions de galapiates et galopiots issus de milieux souvent peu argentés, si bien décrit par Cavanna dans "les ritals" ou Camus dans "le premier homme" (avec son instituteur prodigieux d'humanité).
Cette école d'instruction publique transmettait des "valeurs" ! Quelle honte, quelle régression ! "On" s'acharna à changer ce qui paraissait insoutenable ! Songez, cette "instruction publique" était tellement conformiste qu'elle produisait des Cavanna ou des Camus ! Elle fut donc transformée en "éducation nationale", et les "programmes" jugés "moralisateurs et rétrogrades" furent vaillamment portés au bûcher par les pédagogistes post-soixante-huitard(-e)s de toute obédience.
Aujourd'hui, les enseignants (majoritairement devenus des enseignantes) commencent à réaliser qu'elles et ils servent de boucs émissaires à chaque fois que les élites de tout bord découvrent (toujours avec le même étonnement surjoué) combien les banlieues et autres couches défavorisées génèrent des jeunes totalement (et soigneusement, délibérément) déstructurés...
Il est bien évidemment hors de question de "revenir au bon vieux temps", mais on pourrait peut-être en tirer quelques leçons salutaires.
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