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Citations sur L'illusion (11)

LES HARPES DE DAVID

La nuit se déroulait, splendide et pacifique;
Nous écoutions chanter les vagues de la mer,
Et nos coeurs éperdus tremblaient dans la musique;
Les harpes de David semblaient pleurer dans l'air.

La lune montait pâle, et je faisais un rêve:
Je rêvais qu'elle aussi chantait pour m'apaiser,
Et que les flots aimants ne venaient sur la grève
Que pour mourir sur tes pieds et les baiser;

Que nous étions tous deux seuls dans ce vaste monde;
Que j'étais autrefois sombre, errant, égaré;
Mais que des harpes d'or en cette nuit profonde
M'avaient fait sangloter d'amour et délivré,

Et que tout devenait pacifique, splendide,
Pendant que je pleurais, le front sur tes genoux,
Et qu'ainsi que mon coeur le ciel n'était plus vide,
Mais que l'âme d'un Dieu se répandait sur nous!

Chants de l'Amour et de la Mort
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L'homme, la bête et l'arbre ont les mêmes secrets.
La sève est un sang pâle aux veines des forêts.
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Toujours

Tout est mensonge : aime pourtant,
Aime, rêve et désire encore ;
Présente ton cœur palpitant
À ces blessures qu’il adore.

Tout est vanité : crois toujours,
Aime sans fin, désire et rêve ;
Ne reste jamais sans amours,
Souviens-toi que la vie est brève.

De vertu, d’art enivre-toi ;
Porte haut ton cœur et ta tête ;
Aime la pourpre, comme un roi,
Et n’étant pas Dieu, sois poète !

Rêver, aimer, seul est réel :
Notre vie est l’éclair qui passe,
Flamboie un instant sur le ciel,
Et se va perdre dans l’espace.

Seule la passion qui luit
Illumine au moins de sa flamme
Nos yeux mortels avant la nuit
Éternelle, où disparaît l’âme.

Consume-toi donc, tout flambeau
Jette en brûlant de la lumière ;
Brûle ton cœur, songe au tombeau
Où tu redeviendras poussière.

Près de nous est le trou béant :
Avant de replonger au gouffre,
Fais donc flamboyer ton néant ;
Aime, rêve, désire et souffre !
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L'Illumination des Alpes
Les Alpes aux seins blancs se dressent dans l'air bleu;
L'ardent Soleil les mord de ses lèvres de feu;
L'amant divin est près de quitter ses maîtresses,
Et pour suprême adieu, pour dernières caresses,
Sur leurs beaux corps neigeux par son âme embrasés,
En un large incendie il répand ses baisers.
L'illumination immense de sa joie
Roule sur l'océan des cimes qui flamboie;
Et tout rougit, tout brûle, et le Soleil descend
Dans la gloire de l'or, de la pourpre et du sang.
Tandis qu'une ombre froide envahit les abîmes,
Cette pourpre s'attarde et fleurit sur les cimes.
Puis le couchant s'éteint; plus un sommet ne luit;
Un crépuscule vert précède encor la nuit.
Silencieuse et morne, ainsi qu'un temple vide,
Chaque cime présente une face livide,
Pâle de la pâleur d'un cadavre glacé;
Et tout ce fol éclat s'est soudain effacé.
0 symbole entrevu, devant ces Alpes roses,
Des trompeuses clartés que revêtent les choses!
Ces pourpres, ces éclairs embrasant les sommets
Transfiguraient aussi mon âme, quand j'aimais
Je la sais aujourd'hui, la fantasmagorie
De ce vain monde avec ses heures de féerie;
Et cependant je suis heureux d'avoir été
L'éphémère témoin de sa vague beauté,
Et d'avoir, conscient de l'infini mensonge,
Parfois tremblé d'amour, attendri par le songe.
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L’Illusion



RÉMINISCENCES
À DARWIN

Je sens un monde en moi de confuses pensées,
Je sens obscurément que j’ai vécu toujours,
Que j’ai longtemps erré dans les forêts passées,
Et que la bête encor garde en moi ses amours.

Je sens confusément, l’hiver, quand le soir tombe,
Que jadis, animal ou plante, j’ai souffert,
Lorsque Adonis saignant dormait pâle en sa tombe ;
Et mon cœur reverdit, quand tout redevient vert.

Certains jours, en errant dans les forêts natales,
Je ressens dans ma chair les frissons d’autrefois,
Quand, la nuit grandissant les formes végétales,
Sauvage, halluciné, je rampais sous les bois.

Dans le sol primitif nos racines sont prises ;
Notre âme, comme un arbre, a grandi lentement ;
Ma pensée est un temple aux antiques assises,
Où l’ombre des Dieux morts vient errer par moment.

Quand mon esprit aspire à la pleine lumière,
Je sens tout un passé qui me tient enchaîné ;
Je sens rouler en moi l’obscurité première :
La terre était si sombre aux temps où je suis né !

Mon âme a trop dormi dans la nuit maternelle :
Pour monter vers le jour, qu’il m’a fallu d’efforts !
Je voudrais être pur : la honte originelle,
Le vieux sang de la bête est resté dans mon corps.

Et je voudrais pourtant t’affranchir, ô mon âme,
Des liens d’un passé qui ne veut pas mourir ;
Je voudrais oublier mon origine infâme,
Et les siècles sans fin que j’ai mis à grandir.

Mais c’est en vain : toujours en moi vivra ce monde
De rêves, de pensers, de souvenirs confus,
Me rappelant ainsi ma naissance profonde,
Et l’ombre d’où je sors, et le peu que je fus ;

Et que j’ai transmigré dans des formes sans nombre,
Et que mon âme était, sous tous ces corps divers,
La conscience, et l’âme aussi, splendide ou sombre,
Qui rêve et se tourmente au fond de l’univers !
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L’Illusion



VIE DIVINE

Aime, ainsi que la mer, la mer dressant ses vagues
Comme des seins tendus aux baisers du soleil,
Et de ses cris d’amour, de ses longs soupirs vagues,
Gémissante, emplissant tout l’espace vermeil ;

Comme ces larges nuits qui cachent sous leurs voiles
La palpitation d’un cœur illimité,
Aime, et fais de ton cœur un grand ciel plein d’étoiles,
D’où s’épanchent la paix sereine et la clarté !

Désire, aime sans fin, souffre, brûle, aime encore,
De rêves sans limite enivre-toi toujours ;
Avant le soir funèbre, abreuve-toi d’aurore,
Ouvre toute ton âme à d’immenses amours.

Alors verse tes chants aux sombres multitudes,
À tous ceux qu’ont rendus stériles les douleurs,
Comme ces vents qui font germer les solitudes
Et, tièdes et féconds, trembler l’âme des fleurs.

Aime et vis, comme un Dieu sur terre voudrait vivre,
Penche-toi vers tous ceux que tu verras souffrir,
Et de lumière et d’art, de rêves toujours ivre,
Incendié d’amour, ne crains plus de mourir !
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Nuit devant la mer



Tous deux, naguère, assis la nuit sur ce rivage,
Nous écoutions pleurer les harpes de la mer :
La mer bondit ce soir, amoureuse et sauvage ;
Flots que hurlez, mon cœur comme vous est amer !

C'est comme un bruit sans fin de sanglots et de râles ;
Les grands flots vers le ciel montent désespérés :
Et la lune et la mer s'attirent et sont pâles,
Ainsi que deux amants que l'on a séparés.
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CALME DES PLANTES

Car Dieu semble n'avoir créé dans notre tête
Que stériles tourments et vaine activité,
Réservant ici-bas pour la plante et la bête
Le calme bienheureux de la passivité.
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RÉBELLION
Si tu ne voulais pas que l'homme mécontent
Te demandât raison de ton œuvre imparfaite,
Il le fallait laisser dormir dans son néant,
Ou comme aux animaux lui mieux courber la tête,

De peur d'une révolte il te fallait garder
De mettre en notre esprit des rèves trop sublimes,
Et ne nous pas donner des veux pour regarder
Trop avant quelquefois au fond de tes abimes.

Mais tu nous fis ainsi : ne t'étonne donc pas
Qu'aimant et que pensant nous soyons des rebelles,
Et trouvions des laideurs aux choses d'ici-bas,
Que tes mains aisément pouvaient créer plus belles !

Ne pouvais-tu finir ce monde, ou le briser ?
Ne prévoyais-tu pas qu'il deviendrait infâme
Ton chaos dure encor : pourquoi te reposer ?
La vieillesse et l'ennui seraient-ils dans ton n âme ?

Tout affamé d'amour, de justice et de bien,
Je m'étonne parfois qu'un idéal se lève
Plus grand dans ma pensée et plus pur que le tien !
- Oh ! pourquoi m'as-tu fait le juge de ton rêve ?
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TERREUR DU BEAU

Le secret éternel que recèle le beau,
C'est lui qui me tourmente en eux comme en toi-même :
La beauté m'épouvante à l'égal du tombeau,
Tant j'ai vu de néant sous sa splendeur suprème.
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