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Critique de berni_29


Les petites distances, c'est un roman graphique qui allie le texte de Véro Cazot et les dessins de Camille Benyamina.
Max est discret ou plutôt c'est peut-être sa vie qui apparaît insignifiante. On ne fait pas attention à lui lorsqu'on le croise dans la rue. La première scène très cocasse m'a fait penser à un film de Charlot, on le voit tenter de traverser une rue et se faire refouler, par une foule compacte et indifférente, jusqu'au trottoir d'où il venait... Il retrouve sa petite amie avec laquelle il vit depuis quatre ans et la découvre au lit avec un autre homme et celle-ci semble avoir oublié qu'elle partageait sa vie et son appartement avec Max...
Même sa psy semble lui accorder peu d'importance. Il finit par s'effacer peu à peu du réel, devenir transparent, invisible, disparaître du paysage. Au début du récit, c'est au sens figuré, mais peu à peu il disparaît complètement aux yeux des autres personnages et c'est toute la grâce et la magie du graphisme qui permettent d'introduire cette touche à la fois fantastique et poétique au récit.
Invisible, il s'emmourache de sa voisine Léonie, dite Léo et s'installe alors chez elle, bien sûr à son insu. Léo est une femme célibataire, imaginative et angoissée, sujette aux hallucinations et aux cauchemars. Invisible, Max observe la vie de Léo se dérouler sous ses yeux, assiste impuissant à ses histoires amoureuses et malheureuses, empêtrée parmi ses démons.
Peu à peu il y a quelque chose à fois de touchant et de burlesque dans cette cohabitation saugrenue. Max trouve peu à peu sa place et c'est comme si une harmonie s'installait peu à peu entre ces deux êtres qui ne peuvent pas communiquer, comme si Léo ressentait peu à peu la présence diaphane de Max, une présence apaisante, comme s'ils étaient parvenus à quelques effleurements l'un de l'autre. Ici le dessin et le texte oscillent avec grâce entre la réalité et l'imaginaire.
Dans ce roman graphique où s'invite le mythe éternel de l'homme invisible, des sujets sont abordés avec beaucoup de sensibilité et d'intelligence tels que l'amour, la solitude, la sexualité, la difficulté de communiquer, l'enfance.
J'ai beaucoup aimé cette bande dessinée, cette fable sociale et intimiste, empreinte de poésie, de douceur et de mélancolie. Le sentiment de devenir invisible dans nos mondes bruyants et éphémères, est sans doute palpable, plus que jamais.
Les personnages sont attachants, fragiles, désemparés, nous offrent tantôt des tranches de vie émouvantes pour décrire cette très belle histoire d'amour et d'autres fois des scènes croquignolesques, rabelaisiennes, pleine d'espièglerie et de légèreté, même si la fin m'a un peu déçu...
Le dessin sert merveilleusement le propos d'un scénario qui vient mettre en lumière celles et ceux qui sont touchés dans leur existence par le sentiment d'effacement.
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