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Critique de Ana_Kronik


Coup de tonnerre dans un ciel serein! Je viens juste de découvrir ce roman, dont on peut comprendre qu'il ait ébranlé le monde littéraire espagnol à sa sortie.

Un des plus forts livres sur la psychologie du meurtrier, qu'il m'ait été donné de lire. Je n'ai pas pu ne pas penser à Hygiène de l'assassin, brillant exercice, qui rétrospectivement m'a paru bien fade en comparaison.

On navigue quelque part entre le réalisme à la Zola et la noirceur de Dostoïevski. Avec le mérite de dépeindre le monde paysan tel qu'il est. On est loin des ploucs simplets et de la vie idyllique que certains citadins en mal d'évasion post-Covid croient encore possible de nos jours.

Le contraste est violent entre les sentiments complexes et profonds qu'exprime Pascal Duarte dans son journal, du fond de sa prison, et les dialogues pauvres de mots qu'échangent les protagonistes (y compris Pascal Duarte lui-même). Mais cela ne les empêche pas d'y faire passer des sentiments sincères.

La clé du roman est peut-être dans le fait qu'à force de haïr d'autres personnes, y compris sa propre mère (crime des crimes, s'il en fut) on en vient à se détester soi-même. À accepter cette fatalité implacable. La suite de malheurs qui semble pourchasser le 'héros' est cependant illuminée à de brefs moments par quelques éclairs de bonheur. La vie, en somme? Il nous avoue qu'il n'éprouve aucun remords pour les assassinats qu'il a commis. On doit regretter l'injustice, nous explique-t'il: battre un enfant, tuer une hirondelle. Mais pas les actes auxquels la haine nous a poussé.

On notera aussi que le roman donne la parole aux quelques personnes qui ont hérité des écrits du prisonnier. Un procédé littéraire qui en renforce le réalisme, et souligne le tragique de cette destinée.
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