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Critique de Aficionado


Rares sont les auteurs de la trempe de Céline qui ont pondu de pareil monument étranger difforme, tors, profond à n'en déceler le fond, hérissé, vallonné, bouillant, bruyant. Ici, Féerie pour une autre fois révèle Céline au summum de son Art. Folkloriquement parlant, l'homme se porte bien lorsqu'il imagine, très certainement au mieux. Face au réalité, quelque complication s'immisce gentiment. Céline, Louis-Ferdinand Céline, lui, Louis Destouches est un grand dans le second domaine, très grand, LE grand. Il vous cloue imaginairement devant la véracité humaine métaphysique… il vous la rive, fond, fusionne à la conscience. Les situations peintes, énoncées, décortiquées, détaillées par ses « héros » et personnages rendent transparentes les natures, les profondes métaphysiques. « C'est des filigranes la vie, ce qu'est écrit net c'est pas grand-chose, c'est la transparence qui compte », je ne croyais pas tant mieux tomber, dans Féerie pour une autre fois, pour illustrer toute son oeuvre, sa philosophie et ses aspirations psychologiques. Il y a de quoi vous en aliéner, vous biaiser, en vous ouvrant, écarquillant les yeux, seulement. Gare ! les hommes ont peur des vérités, c'est vérifié, la nouvelle est séculaire, ancrée, fossile, génétique. Ils fuient, mentent, esquivent, alibigent, pretextent, contrecarrent à qui mieux mieux, déjouent, évitent, détournent. le bal de l'égoïsme ratiocinant, conscientisé est né. À trop manger de Céline, c'est la surdose, vraiment. Overdose de perversion humaine. Il vous la sert avec humour dans Féerie. Son petit jeu de radotage excessif est drolatique. le langage néologistique prolifère et cela divertie, empêche de s'ennuyer. Il a ce pouvoir transcendantal de fasciner celui qui veut se détourner de la vérité, la contourner pertinemment, puis de le ronger de l'intérieur par l'objet de son faux-fuyant. Tellement il reçut, engrangea, essuya vingt, trente, quarante sortes et variétés de haine à coup de flagelle, d'autoputréfaction infligée, d'angoisse et de calomnie, qu'il put être devin et représentant haut la main, haut la "branlée d'une vie" en tous ses termes, et le sera toujours grâce à ce style intemporel, ce don pour saisir et décrire l'ontologique et le psychologique précis plus que le superficiel grossier – et futile. le contexte spatio-temporel peut être bâclé, car cela sert la description de l'homme et de ses caractères bien spécifiques. Écrivit-il alors en haine humaine caustique, encre de laquelle il fut l'exclusif possesseur. Les autres écrivains n'écrivent que des euphémismes à ses côtés ou bien mentent-ils, fictionnent-ils alors ; il fut exhaustif en persécution pour des siècles. Lorsqu'il nous dit : « il faut avoir payé pour pouvoir écrire », dans une de ses interviews, il utilise la formule idoine qui se suffit à elle-même, il a tout compris. le reflet de cette citation est visible tout au long de Féerie, il a décidé de payer et le fait comprendre! Vous n'avez qu'à le lire, vous verrez. Forcez la main comme pour beaucoup de chose, mettez le train en marche, suivez son rythme à lui. Gare encore ! vous allez vous aliéner pour quelques heures, mois, années, qui sais… Ah ! le docteur Destouches n'est pas dans l'hyperbole, ah ! nenni-da, dans la justesse pure, le fil au funambule derviche, fakir, mitraillé, les plantes sur des lames de rasoir qu'il avance, écrit, car c'est sa plume qui avance, avec l'engagement de son entier être derrière. C'est une quintessence de Vrai, du sang qui parle. Très uniquement vérace, ce que vous avez devant les yeux, certes un peu caché à l'absence d'effort, parfois, dans le fin fond des hommes, là, devant, partout, demain, hier, toujours ! Il traduit de la nature à même le papier, puis il fignole beaucoup par raffinement, coquetterie. Son style nonpareil est envoûtant. La sienne est fourbie, de nature, puis, avec son incroyable talent, il y va comme ça, force de travail, lectures, ratures, relectures, écrémage, élagage. Il a compris ! bon Dieu ! Lisez ! Lisez ! Lisez Féerie!
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