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Critique de ClaireG


« On m'affecta aux pages culturelles, là où on affecte ceux qu'on ne sait où affecter ».

C'est là que se retrouve l'auteur, écrivain en mal d'inspiration, reconverti en journaliste.

Et parfois la magie opère !

Javier Cercas rencontre le fils de Rafael Sanchez Mazas, poète et romancier reconnu, cofondateur de la Phalange, qui fut sauvé durant la Guerre d'Espagne grâce à l'attitude inattendue d'un républicain en débandade qui le tenait en joue. L'histoire est connue mais le journaliste consciencieux qu'est Cercas décide de reconstituer ce qu'il y a derrière le connu.

Quelques billets dans le journal qui l'emploie suscitent des réactions de son lectorat. Une idée commence à germer, peut-être le démarrage d'un futur roman.

Livre en trois parties : la première découle de sa rencontre fortuite avec le fils du nationaliste espagnol, la curiosité qui le saisit et les étapes méticuleuses préparatoires à un sujet d'écriture ; la deuxième est une biographie détaillée de Sanchez Mazas, des détails surprenants depuis ses études de droit jusqu'à un séjour prolongé en Italie, fasciné qu'il est par l'idéologie de Mussolini, de sa participation à la guerre civile jusqu'à sa collaboration au régime de Franco comme ministre sans portefeuille. La troisième partie est une recherche/enquête sur le possible sauveur de Mazas et son mobile. Est-ce envisageable soixante ans plus tard ? Sera-ce lui ? Voudra-t-il parler ? Et d'abord, se souviendra-t-il ?

Javier Cercas espère trouver un héros et non pas faire l'apologie du personnage controversé Sanchez Mazas. Il veut honorer la mémoire de tous les anonymes qui se sont battus contre le fascisme et qui ont été délaissés par L Histoire. Comme cela se passe dans toutes les guerres. « Les héros ne le sont que quand ils meurent ou qu'on les assassine. Et les véritables héros naissent dans la guerre et meurent dans la guerre. Il n'y a pas de héros vivants. Ils sont tous morts, morts, morts, morts ». p. 224

Au cours de ses recherches documentaires, Javier Cercas découvre que Rafael Sanchez Mazas voulait écrire un livre intitulé « Les Soldats de Salamine » qui n'a jamais été mené à bien. Il a repris le titre à son nom et ce roman se construit en même temps que l'on le lit. Cette façon d'insérer L Histoire dans la rédaction du compte rendu de son enquête donne une dynamique intéressante aux pages qui finiront par devenir le roman.

De rencontres journalistiques en interrogatoires de témoins, de coups de téléphone en palabres interminables, de réflexions sur le bien-fondé de ses recherches en déductions générant de nouvelles interrogations, Javier Cercas finit par créer LE personnage qu'il recherche, qui lui permet de trouver une fin valable digne de toutes ses conjectures. Enfin, il est prêt à rédiger son roman. Et moi, je le termine.

L'auteur aime le paso doble autant que l'épreuve de la page blanche et le whisky. Après tant de boue, tant de souffrance, tant de désastre, ce sont de bons remontants. La fiction l'emportera-t-elle sur la réalité ? A vous de juger.
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