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Critique de hervethro


Entreprendre de raconter Cosette et Marius, autrement dit la suite des Misérables après la mort de Jean Valjean relevait du suicide, du moins d'une inconscience littéraire caractérisée.
Cérésa, dans le premier volume (chroniqué ici même), donnait l'impression d'un élève appliqué, tentant de retrouver le style Hugolien, imitable certes, mais manquant désespérément de ce souffle qui nous oblige à ne plus lâcher un roman.
Cosette, la première partie (l'un ne pouvant pas se lire sans l'autre), lorgnait davantage vers les feuilletonistes Eugène Sue (qu'il prend un malin plaisir à inclure dans l'histoire) et Ponson du Terrail. Les intrigues autour du couple sont un copier-coller de Rocambole, le panache en moins. Cérésa faisait ressusciter l'inspecteur Javert en un prévenant et attentionné Verjat (syndrome de la rédemption de Valjean?), dont le suicide par noyade avait avorté. En revanche, Ténardier, qui se fait appeler Tardier cette fois, reste dans le camp des irréductibles méchants, parvenant à ses fins : l'accusation de Marius, envoyé au bagne (clin d'oeil au parcours de Valjean) et la séquestration de Cosette.
On en était là à la fin d'un premier volume qui stoppe net. Sans avoir été séduit par la prose trop conforme au modèle parce que l'intrigue ne prenait jamais le pas sur un devoir d'école, j'ai tout de même voulu savoir comment le bien allait triompher du mal.
Marius, le second volume, n'a plus rien à voir avec Cosette.
D'abord, notre héro, évadé de Toulon, s'embarque pour la toute jeune Amérique. On a droit à un remake des pirates des Caraïbes avec force détails jusque dans les mots et expressions de navigation, puis la découverte d'une Nouvelle Orléans pleine de promesses, atténuées par l'âge d'or de l'esclavage. Ca avance à cent à l'heure, pas le temps de s'ennuyer que Marius est déjà dans les bras d'une tenancière de gargote, presque à en oublier sa chère et tendre, puis enrôlé dans la guerre d'indépendance du Texas, aux côtés de... Davy Crockett !
Cérésa semble s'amuser comme un petit fou. Après Ponson du Terrail, c'est dans les pas de Dumas qu'il chemine. Dans le premier volume, on l'imagine appliqué à son pupitre pendant une heure de colle. Ici, il laisse s'épanouir sa plume et les délires de son imagination au grand air, l'imagination débridée. Bravo !
De son côté, Cosette fait la rencontre de George Sand et se transforme en... Kill Bill !
C'est surtout cette découverte des deux personnages centraux – que le mal et le bien peuvent, parfois, se confondre - qui hisse le livre à un rang supérieur : les deux personnages centraux ne font pas QUE le bien, ils ont leur part d'ombre. Sauf Thénardier, dont il n'y rien à espérer.
Parvenu à la fin de l'histoire (qui finit bien, naturellement), on se plaît à espérer qu'un auteur ose prendre la relève : il reste encore des jeunes recrues dont on a tant de choses à raconter !
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