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Critique de colimasson


Le français ne nous est pas échu par malheur. Dès la fin du Moyen Age, nos semblables de langue se sont interrogés sur son origine et sur ses affiliations possibles avec le latin. Une chose est sûre : l'origine du français est antérieure à ces interrogations.


Bernard Cerglini s'aide de la linguistique historique pour affirmer que l'origine du français est liée aux Serments de Strasbourg. Prononcés en 843, ces serments signent l'alliance militaire entre Charles le Chauve et Louis le Germanique contre leur frère Lothaire afin de se partager l'immense royaume hérité de Louis le Pieux, fils de Charlemagne.
Auparavant déjà, d'autres documents nous attestent les balbutiements du français tel que nous le connaissons : le vase de Soisson, les Gloses de Reichenau ou le Sermon sur Jonas prennent leurs libertés face au latin classique encore fréquemment utilisé pour les écrits. Qu'est-ce qui différencie ces témoins des Serments de Strasbourg ? Pour Bernard Cerquiglini, un élément est déterminant : la dimension politique et unificatrice de ces derniers face aux enjeux principalement littéraires des premiers. Qu'il soit seulement permis de s'amuser avec le langage, lorsque cela n'implique pas une communauté politique, ne permet pas de conclure à la naissance d'une nouvelle langue ; il lui faut aussi une dimension universale.


« Depuis quand le français existe-t-il ? Depuis le jour où son altérité et sa spécificité, dues à son développement interne, sont reconnues et désignées. du jour que celles-ci sont utilisées consciemment, dans un but de communication, dans une relation de pouvoir, et que cet emploi prend la forme du savoir, c'est-à-dire l'écriture. Depuis quand parle-t-on français ? Depuis qu'on l'écrit. »


Sous forme d'un développement clair décomposé en cinq chapitres, Bernard Cerquiglini déroule une démonstration brillamment illustrée et contextuellement ancrée qui ne nous laisse pas douter que la grammaire historique reconnaît aux Serments de Strasbourg la paternité de notre français. Si les descendants de Charlemagne ne s'étaient pas querellés lors de la répartition du territoire, notre français n'aurait peut-être été attesté que des siècles plus tard, à la manière de l'italien qui ne commença à être unifié que sous la vaste influence littéraire de Dante. On remercie Bernard Cerquiglini pour cette réponse claire et définitive qui n'est seulement –il faut le rappeler- que la réponse de la linguistique historique.
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