"Au bout du petit matin"... une île se dévoile, rues en terre battue, cases éparpillées et coqs chantant, avant qu'on ne leur torde le cou. Une île où l'on mange, où l'on travaille, une île odorante, bruyante, vivante, animée par la nature, soufflée par les tornades, brûlée par le soleil.
"Au bout du petit matin"...
Aimé Césaire, étudiant à la Sorbonne dans les années 30, loin de son île, prend du recul et écrit sur la Martinique un long poème de révolte, d'espoir et de désarroi, et se fera ainsi le chantre de l'écriture "noire" francophone.
Césaire nous dresse ici un portrait vivant de cette île encore sous le joug de la France, des Blancs. Ce portrait est souvent violent, critique; la population est majoritairement illettrée et pauvre et parfois passive face aux traitements qu'elle subit.
Césaire n'est pas seulement Martiniquais, il est tous les Noirs, tous les peuples opprimés, dominés, soumis à l'esclavage, maltraités, fouettés, humiliés mais aussi ceux qui se sont battus, révoltés, tel Toussaint Louverture.
Ce recueil se voulait manifeste pour la cause des Noirs, contre le colonialisme et toute forme d'oppression. le texte est merveilleusement beau et riche, autant dans les propos que dans l'écriture.
Il faisait partie de la sélection des tous premiers textes imposés en cours de Lettres, en Terminale, au Bac littéraire. Une riche idée, qui ouvre le regard sur
la poésie contemporaine mais aussi sur un passé encore tout frais.
(Re)Lu dans le cadre du Challenge Poésie 2014-2015