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Critique de Flodopas78


Qui est mieux placé pour dénoncer les limites de l'enquête anthropologique sur le terrain qu'un anthropologue ?
C'est ce que fait Pedro Cesarino dans son premier roman dont le titre l'Attrapeur d'oiseaux fait référence à un mythe des origines que le narrateur, anthropologue, rêve de transcrire.
Poursuivant ce graal depuis des années, soutenant l'existence de ce mythe devant ses collègues dubitatifs, notre anthropologue retourne une énième fois dans la tribu qui l'a adopté. Mais cette fois le coeur n'y est plus : la pluie, la fièvre et l'isolement le coupent peu à peu de ceux qui ont placé en lui sa confiance et le considèrent comme un fils et un frère. Seul le récit par bribes du mythe de l'attrapeur d'oiseaux par un membre de la tribu allié aux esprits le pousse à prolonger son séjour. La mort du chaman, protecteur de la tribu et garant de l'harmonie entre ses membres, plonge les membres de la communauté dans le désespoir et entraîne une suite de perturbations qui conduit chacun à révéler sa vraie nature.
L'auteur réussit le tour de force de nous plonger dans l'atmosphère pesante et étouffante de la jungle tout en nous conduisant par glissements successifs hors de notre rationalité. Embarqués avec le narrateur, nous perdons progressivement nos repères et nous le suivons au bout de ses questionnements, là où la logique n'a plus cours.

Dans ce récit s'inspirant de ses travaux, Pedro Cesarino questionne la légitimité de l'anthropologue dans sa démarche qui consiste à gagner la confiance des indigènes dans l'intention louable de recueillir mythes et récits avant leur disparition pour regagner la « civilisation » une fois ceux-ci obtenus. Au passage, il égratigne le travail des missionnaires évangéliques qui imposent leurs croyances sans chercher à comprendre celles des indigènes. Il évoque également les ravages de la modernité dans la description de la ville frontière d'où part le narrateur et où échouent nombre d'indigènes, privés de leur mode de vie traditionnel par l'accaparement des terres.
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