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Citations sur Global burn-out (13)

page 57
[...] Fort de cette analyse, on peut mieux comprendre l'hypocrisie de nombreux discours managériaux qui enrobent de grands mots leur objectif cupide, à savoir repousser toujours les limites des individus, pour extraire davantage de profits de leurs efforts. Ces discours ont une trame. Il s'agit de transformer les contraintes adaptatives en valeurs. Cela sonne mieux. Au lieu de dire : "Adaptez-vous", on dira :"Adoptez de nouvelles valeurs". En ces temps où le sens se fait discret, le langage de la valeur garde un lustre réconfortant. Ainsi, pour une femme, concilier vie professionnelle et vie familiale est transformée en une icône valorisée, celle de l'executive woman. Gérer une trop grande quantité de travail est masqué sous la valeur de "stress positif". Passer d'un poste à l'autre est déguisé sous le terme de "flexibilité". Faire face à des contradictions est transcendé par les leitmotive "ouverture d'esprit" et "capacité à penser en N dimensions". Se plier à l'emprise de la mesure s'appelle "évaluation". Répondre à des masses de courriels emplis de sommations et de rappels se nomme "connectivité". Laisser son portable constamment allumé est qualifié de "proximité". Obéir sur le champ aux injonctions est qualifié de "réactivité". S'abimer les yeux douze heures par jours devant des écrans d'ordinateur est rebaptisé "disponibilité". C'est ainsi que des mots étranges vissent les humains à leurs sièges. [...]
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Dans un monde où l'on attend de l'individu qu'il dépense l'argent qu'il n'a pas pour acheter des choses dont il n'a pas besoin afin d'épater des gens qu'il n'aime pas, la boulimie semble partout, le sens nulle part.
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Gérer une trop grande quantité de travail est masqué sous la valeur "stress positif". Passer d'un poste à l'autre est déguisé sous le terme de "flexibilité". Faire face à des contradictions est transcendé par les leitmotive d'ouverture d'esprit et de capacité à penser en "n" dimensions. Se plier à l'emprise de la mesure s'appelle "évaluation". Répondre à des masses de courriels emplis de sommations et de rappels se nome "connectivité". Laisser son portable constamment allumé est qualifié de "proximité". Obéir sur le champ aux injonctions est qualifié de "réactivité". S'âbimer les yeux douze heures par jour devant des écrans d'ordinateur est rebaptisé "disponibilité". C'est ainsi que des mots étranges vissent les humains à leurs sièges.
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[...] il faut insister sur un trait du burn-out qui est peut-être le plus important : son potentiel de métamorphose. Les corps sont intelligents. Ils en savent parfois davantage sur nos besoins que nos psychismes bridés. S'ils demandent grâce, il faut les écouter, et chercher à apprendre d'eux ce que seraient des voies plus praticables et épanouissantes. La question du sens, longuement tue, refait alors surface avec toute la vigueur d'une requête insistante qu'on n'a pu étouffer. Qu'est-ce qui importe vraiment ? Où est le centre ? Quelle est la valeur de cette vie ? L'œuvre au noir du burn-out est souvent douloureuse à traverser. Mais si elle a pu engendrer ces questions, et donner le courage de les considérer sans concession, elle n'aura pas été vaine.
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Ne pas disposer d'un mot pour nommer ce que l'on vit est pire que d'utiliser une dénomination à large spectre. Autrefois, lorsque le terme «burn-out» était peu usité, il était facile de disqualifier les plaintes de certains travailleurs en les assimilant à une dépression, dont la cause ne pouvait êre que personnelle. Cette qualification de la souffrance permettait à lorganisation du travail de se dédouaner de toute responsabilité, et donc de mettre sur l'individu l'entière charge de sa souffrance. Le terme «burn-out» interdit cette échappatoire facile car il articule les dimensions psychologiques et sociologiques dans une même problématique. Lindividu n'est plus seul face à la société. Il fait partie d'un mouvement plus général, qui peut avoir ses propres pathologies rejaillissant sur les personnes.
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Prise à l'état natif, c'est donc d'une métamorphose que le burn-out est le nom : il désigne une catharsis. L'individu entre en guerre contre les illusions, les croyances et les valeurs dominantes auxquelles il cesse d'adhérer. Il s'en dépouille. Ce thème universel a de tout temps guidé ceux qui voulaient renaître à une existence plus authentique : les philosophes, les religieux, les initiés, les êtres habités, tous ceux qui parcourent un chemin de transformation. La notion recueille cette charge morale et initiatique, à laquelle elle doit sa dimension conflictuelle.
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C'est le travail qu'il faut défendre. Au fond de ce trouble, il n'y a pas un désir de paresse. Les personnes affectées furent consciencieuses, ardentes, dures à la tâche. Cest d'ailleurs en partie leur problème. Mais ces qualités prouvent que la pire erreur serait de rabattre le débat sur l'opposition entre l'activité et l'oisiveté. Le travail est une valeur qui est source d'émancipation. Son organisation est d'emblée politique. La «coopération » qu'il institue, pour reprendre le terme de Christophe Dejours, est une école où s'apprennent les manières de vivre ensemble. C'est pourquoi les atteintes graves qui le dégradent aujourd'hui doivent être vues comme des outragesà l'un des besoins humains fondamentaux.
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Des méthodes de management hallucinantes sont nventées. Elles assujettissent, contrôlent, pressent, créent des délateurs et cassent des solidarités. L'humain est une ressource : qu'il dégorge, lui aussi, ses meilleures énergies, sa sueur, son temps. Il est, de toutes façons, surnuméraire, et donc remplaçable.
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Le pacte semblait équilibre : Iindividu acceptait plus de technologies, ce qui modifiait ses habitudes et le contraignait à de nouvelles adaptations, mais il recevait en échange un allègement de son labeur, une meilleur protection, et surtout la liberté de suivre ses désirs. Le jeu en valait la chandelle, il ne faut rien regretter. Mais ce dont on s'aperçoit aujourd'hui, c'est que cette civilisation du loisir était en réalité un cheval de Troie. Dans ses flancs alourdis se cachait I'exigence d'une nouvelle servitude. Les automates sont moins autonomes que sur la notice. Ils ont besoin de nous. Ces ordinateurs qui auraient dû calculer à notre place nous requièrent, dix heures par jour, face à leurs écrans. Les communications nous accaparent. Le temps s'accélère. La complexité du système nous sidère. Et les loisirs, souvent, sont d'onéreux divertissements.
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Eduqués, diplômés, travailleurs enthousiastes, ils sont les soutiens zélés des modes de vie contemporains. C'est par leur ardeur au travail, plus de quarante heures par semaine, que le système tient en place. Et ce sont pourtant eux qui craquent.
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