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Critique de gill


On entre toujours dans un livre de Paul Chack avec beaucoup de plaisir et un peu d'appréhension.
Avec beaucoup de plaisir car Paul Chack, dans la première moitié du 20ème siècle, était indéniablement un de nos plus grands écrivains de littérature maritime, ayant été lui-même marin de longues années et historien du genre en tant que directeur du Service Historique de la Marine.
De plus sa plume était élégante, et son style novateur.
Un des premiers, il a manié le présent de narration et multiplié les dialogues dans ses récits*.
Mais chaque lecture d'un de ses livre est teinté d'appréhension, car Paul Chack s'est déshonoré durant la seconde guerre mondiale.
Et a été fusillé en janvier 1945.
J'ai connu un vieux bouquiniste dont la mère tenait une boîte verte sur les quais de la Seine et dont le père était un des gendarmes, qui accompagna Paul Chack à son châtiment.
Il racontait que ce moment fût d'une tristesse insondable et que l'on dût traîner le vieux marin qui suppliait.
Quoiqu'il en soit Paul Chack fût, en son temps, un officier de marine valeureux et un fin lettré.
Ce livre, "du Soleil Royal à la Normandie", a été publié en 1942 aux éditions de France.
Il est illustré, d'une manière à la fois sobre et splendide, par le grand peintre de marine Léon Haffner.
L'ouvrage comporte trois parties bien distinctes.
Une première qui s'intéresse à la création de la marine d'état sous l'impulsion de Colbert au temps du roi soleil.
Le livre s'ouvre en compagnie du Bayard de la mer, Nicolas Gargot dit "Gargot jambe de bois".
Alors qu'il venait, embarqué sur le "Léopard", de faire la chasse aux bateaux de pêche espagnols, une mutinerie le fit échouer dans les geôles de Santa-Maria.
"Les bâtards du cotillon" étaient ceux qui allaient chercher leur grade à la Cour et non pas à la mer.
Gargot n'étaient pas de ceux-là et Paul Chack raconte comment le marin refusa de trahir son roi !
Car la mer est une aventure que Paul Chack prend plaisir à raconter.
Sa plume saisit L Histoire pour en faire un récit vivant.
Elle y mêle les grands événements de tous connus aux finesses politiques, aux réalités concrète de la vie du marin.
C'est toute l'origine de la Marine Nationale qui est dans la première partie de ce livre captivant.
La seconde est la longue réponse d'un jeune ami à qui l'écrivain conseille d'entrer dans la Marine de Commerce.
"En tant de paix, il y a quatre marines : guerre, commerce, plaisance et pêche. En temps de guerre, il n'y en a qu'une seule : la marine française", écrit-il à ce jeune homme en 1938.
Et Paul Chack rend là hommage, raconte des exploits, déplore des tragédies et cite quelques noms des marins de commerce qu'il a connu durant la première guerre mondiale, avec qui il a navigué parfois.
La troisième et dernière partie est l'histoire du "ruban bleu", ce trophée que se disputèrent les grandes compagnies transatlantiques sur la traversée de l'Atlantique-Nord vers New-York.
C'est documenté et précis mais c'est aussi captivant.
On y découvre avec intérêt l'envers de la vie d'un grand paquebot.
Et que l'on se rassure la "Normandie" n'a pas démérité !
Ouf, il s'avère qu'au bout de sa lecture, ce livre n'est entaché que de quelques insignifiantes bavures d'opinion.
La gauche, le "Front Populaire" en l'occurrence, aurait empêché le brave français de travailler et aurait semé une "triste pagaye" dans le Pays.
C'est pas bien ! non, pas bien !
Mais que dieu me savonne et que la voix de Léon Blum encore résonne !
En regard à tous les bienfaits légués aux générations suivantes et autres avancées sociales arrachées au pouvoir de l'argent, ces reproches ne me paraissent être que broutilles et roupies de sansonnet !
"Du Soleil-Royal à la Normandie" est donc un excellent livre du genre, que l'on peut conseiller à tous, même aux âmes politiques sensibles ...

*Bruno de Cessole 1992
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