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Critique de BiblioJoy


Sorj Chalandon revient sur son histoire personnelle et sur son père en particulier.

Une confidence échappée par son grand-père… et ses effets à retardement et irréversibles.
« C'est un enfant de salaud, et il faut qu'il le sache ! »
Pour le fils, ébranlé, un couvercle a été levé et c'est le début d'une quête de sens, d'une enquête sinuant sur des pistes savamment brouillées.
« Ton père, il était du mauvais côté ».

Car durant son enfance, son père le martelait de phrases telles que « j'ai eu plusieurs vies et plusieurs guerres… un jour je t'expliquerai tout ça ». L'enfant est subjugué par les histoires de soldats que lui racontait sans cesse son père. Admiratif devant son père, ce héros.
« J'ai passé mon enfance à croire passionnément tout ce qu'il me disait, et le reste de ma vie à comprendre que rien de tout cela n'était vrai ».
Son père, son menteur, son traître.

Terrible de tomber de haut, lorsqu'on place un parent sur un piédestal tellement son récit est glorieux.
Héros ou salaud ? Exploits ou entêtantes élucubrations ?
Et l'incompréhension ajoutée à la trahison ressentie alourdit un poids à jamais ancré.

Dans ce roman, les interrogations sont en parallèle du procès de Klaus Barbie à Lyon en 1987 qui se voit comme un écho à ce que vit et découvre le journaliste – le fils.
Le narrateur alterne donc histoire personnelle et moments forts du procès de Klaus Barbie.

Car le fils va découvrir que le père a revêtu tous les uniformes pendant la guerre. Ou doit-on plutôt dire costumes, car qu'est-ce qui est vrai ? Tout semble tellement théâtral. Dans quel camp était-il vraiment ce jeune homme à l'époque qui endosse tous les rôles.
« Qu'est-ce qu'on ressent quand la comédie est finie ? L'espoir revient ou la vie se retire ? »
Un père bluffeur manipulateur.

Des découvertes qui sonnent comme le glas d'une mémoire qui se fissure, une mémoire faite d'impostures.
Car un père mythomane qui se raconte héros et qui se révèle salaud, c'est une trahison terrible pour le fils, une désolation douloureuse des plus navrantes.
Constater tous les mensonges, scenarii effarants de tricheries, et tout l'aplomb de cet homme à s'inventer plusieurs vies, à y croire peut-être ou probablement, et se dire que rien n'est vrai au final.
Quelle tristesse de n'exister que par ces impostures… pathétique acteur sur la scène de l'existence avec mille et une vies factices.
*
C'est un roman terriblement captivant, intime et puissant.
Sorj Chalandon, avec tout le talent qu'on lui connaît et avec émotions, décrit parfaitement, tout au long de ce roman très bien mené et des plus autobiographiques, combien cette traversée pour la vérité fut éprouvante.
« le salaud c'est le père qui m'a trahi ».
« Mais c'était mon père ».
….
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