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Critique de alainmartinez


Qui se souvient aujourd'hui que la France était un pays minier ? Qui se souvient de ces « gueules noires » qui avaient le courage de travailler sous terre, dans une atmosphère poussiéreuse, sous une température de 30 degrés, hiver comme été. Qui se souvient de ces vieux mineurs qui trainaient leur carcasse en crachant du charbon, la silicose. Qui se souvient de ces professions : piqueurs, boiseurs, haveurs, hercheurs. Qui se souvient que les « corons » ne sont pas seulement une chanson de Pierre Bachelet
Sorj Chalandon qui a le même âge que moi s'en souvient et à travers son roman, « le jour d'avant », leur rend un magnifique hommage.

Michel Flavent est le cadet d'une famille d'agriculteurs dans le nord de la France. Michel a trois héros, Michel Vaillant, Steve McQueen et surtout son grand frère Joseph dit Jojo, son ainé de douze ans. Jojo est mineur à Liévin dans la galerie de la fosse 3 et il rêve de le rejoindre et de travailler à ses côtés. Mais sa vie bascule le 27 décembre 1974. A 6h15 une terrible déflagration se fait entendre, un coup de grisou. le bilan est lourd 42 mineurs sont morts. Mais pour lui il en manque un. Son frère est décédé de ses blessures et n'a pas été inséré dans le décompte.
Ne pouvant supporter la perte de son ainé, son père se suicide en lui laissant un mot : "venge-nous de la mine".
Quarante ans plus tard, à la mort de sa femme, il décide qu'il est temps de venger sa famille, mais surtout de se libérer de ce poids qu'il porte et qui a conditionné toute sa vie. Il quitte Paris et retourne s'installer à Saint-Vaast-Les-Mines.

L'auteur était journaliste débutant à Libération quand la mine de Liévin a pris la vie de 42 personnes. Cette catastrophe l'a marqué. « le Jour d'avant » rend un bel hommage à ces hommes et est un saut dans le bassin minier. On sent le respect pour ces hommes et ces femmes de la mine mais aussi pour les ouvriers en général.
Mais à travers ce fait divers, le roman est avant tout une histoire de culpabilité, de remords.
D'une écriture précise, fait de très courte phrase, Chalandon est un véritable conteur. Il joue avec le lecteur, il nous raconte une histoire pour en raconter une autre. Un roman à lire.
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