AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Eve-Yeshe



je ferai un bref résumé: On fait la connaissance de Georges, étudiant gauchiste, soixante-huitard convaincu qui est de tous les combats, recevant et distribuant des coups lors d'échanges musclés avec la police.
En 1974, alors qu'il est étudiant à Jussieu, il fait la connaissance de Samuel venu donner une conférence sur la dictature des colonels en Grèce, pays d'où il s'est exilé. Ils deviennent amis et vont défendre des causes communes.
Les années passent. Entre les manifs, Georges fait du théâtre, du théâtre militant, essaie de monter des pièces, et déjà une discussion s'engage entre les deux amis car Sam voudrait monter Antigone, la pièce d'Anouilh dans un pays en guerre mais Sam est atteint d'un cancer et charge Georges de monter la pièce....

ce que j'en pense :

C'est un très beau roman, et j'ai eu beaucoup de plaisir et de souffrance en le lisant. L'histoire est originale : faire jouer Antigone, la pièce d'Anouilh, dans une ville en guerre et distribuer les rôles à chacun des protagonistes du conflit pour obtenir un trêve de quelques heures, chacun oubliant que l'autre est son ennemi.
L'auteur fait la comparaison avec la création de la pièce pendant la deuxième guerre mondiale où un acteur a été fusillé car résistant alors qu'un autre était un collabo. La pièce s'est jouée dans la même atmosphère, comme une résistance à la guerre aussi.
Le chemin est difficile pour aller chercher les acteurs et les convaincre. Georges le fait sous les balles. Mais ils arrivent à se rencontrer et à parler, à se toucher.
L'auteur nous parle simplement et avec pudeur du bombardement de Beyrouth par l'armée israélienne, des bombes au phosphore, des cadavres d'enfants brûlé en partie par le phosphore et que les Israéliens ont piégés avec des grenades dégoupillées pour faire encore plus de morts, il nous décrit les massacres de Chabra et Chatila. Bien sûr on a tous entendu parler de ces massacres, mais c'était abstrait, là on lit toute l'horreur de cette guerre, on la voit, ce n'est plus un concept, c'est la réalité.
Il nous dit les viols et les tortures, sans forcer le trait, jamais, une description neutre qui ne prend pas partie.
Georges est un homme brisé quand il revient et victime d'un syndrome de stress post traumatique très bien décrit par l'auteur avec les montées de violence brutales (comment sa fille peut-elle faire un drame car sa boule de glace est tombée alors que là-bas des enfants sont affamés, torturés. Comment peut-on survivre à l'horreur quand on a failli perdre la vue et la vie ? Comment l'entourage pourrait-il comprendre, il ne peut même pas imaginer ce que Georges a enduré.
On retient enfin l'histoire d'une belle amitié entre deux hommes qui se sont rencontrés en militant pour des causes auxquelles ils croyaient, certes mais qui semblent aujourd'hui des petites guerres par rapport à la vraie.
Tous les personnages sont attachants, Aurore la femme de Georges, et Louise la petite fille qui babille tout le temps alors que son père aimerait qu'elle se taise, mais qui apporte un peu de douceur dans le livre.
C'est le premier roman de Sorj Chalandon que je lis, et je suis encore fois sous le choc comme pendant la lecture de Kindezimmer de Valentine Goby.
C'est donc un nouveau coup de coeur. J'ai attendu pour lire les livres de la rentrée littéraire 2013 car je voulais choisir mes livres, aller vers ceux qui me parlaient le plus par le thème, l'auteur ou le titre…


Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
Commenter  J’apprécie          400



Ont apprécié cette critique (36)voir plus




{* *}