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Critique de Meps


Meps
29 novembre 2020
J'ai plusieurs fois eu l'occasion de dire sur Babelio, notamment dans les critiques des pièces de Wajdi Mouawad, que la guerre du Liban me touchait particulièrement. Sans doute d'abord parce qu'elle m'a accompagnée tout au long de mon enfance, étant né en 1979, peu de temps après son début et "finissant" en 1990 (une guerre civile finit-elle vraiment à une date fixe) alors que j'avais 11 ans. J'ai donc en tête des images de guerre, de drames que je ne pouvais comprendre mais dont je ressentais toute l'horreur et la détresse des populations. le fait que ce soit un pays de langue française a sans doute également joué, et j'ai régulièrement rencontré des Libanais à plusieurs moments de ma vie, des étudiants qui ont pu me parler de la réalité vécue sur place.

Alors quand je me plonge dans ce Quatrième mur sans connaitre l'histoire (juste un petit pressentiment avec le titre vers une importance donnée au théâtre) et que je me rends compte qu'il s'agit d'une pièce à monter au Liban en pleine zone de guerre, en cherchant à réunir les différents protagonistes, je n'ai pu qu'être rapidement touché et captivé. Et le troisième axe abordé étant celui d'un couple avec un jeune enfant face aux difficultés que l'éloignement du mari au Liban pour le projet provoque, j'ai presque cru que le livre avait été écrit pour moi.

Au delà des échos personnels que le récit fait résonner en
moi, le style de Chalandon est réellement splendide. Il est assez simple et descriptif la plupart du temps mais sait s'envoler dans des tournures originales pour décrire les émotions, les atmosphères, tout ce qui justement est difficile à décrire. Il ne semble rien y avoir de gratuit dans les mots choisis, une recherche continuelle de retranscrire le réel vécu plutôt que vu. Les scènes de guerre, de violence terrible sont poignantes, et mes yeux n'ont pu rester secs face à tant d'horreurs.

Le choix narratif est également totalement réussi. Sans vouloir rien divulgâcher, la construction est savamment orchestrée du début à la fin. Je ne suis pas étonné que le livre ait donné lieu à des adaptations au théatre (presque logique) mais aussi TV ou cinéma (même si j'ai trouvé peu d'éléments sur ces deux projets). La narration est riche de moments forts où la surprise nous saisit même à la lecture, je n'ose donc imaginer ce que cela pourrait donner en prise directe.

J'ai longtemps cru que la naïveté du projet initial (vouloir chercher la paix au milieu des décombres grâce à une pièce de théâtre) allait aboutir à trop de bons sentiments. Mais le livre est vraiment à l'image de la vie, où les rêveurs sont réveillés par la violence de la réalité. Ce livre est terrible, d'autant plus qu'il nous aura permis avec lui d'imaginer un monde meilleur. Un monde où les murs ne seraient là que pour protéger et pas pour séparer. Mais malheureusement le quatrième mur du théâtre est bien trop transparent pour protéger les artistes de la triste réalité.
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