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Critique de Sando


En rendant l'Algérie aux algériens, Charles de Gaulle a trahi les français et plus particulièrement sa promesse faite à André Choulans, son conseiller intime durant plusieurs années... Pour cela, le président doit mourir et c'est Emile Choulans, douze ans, qui est chargé de mener à bien cette mission hautement confidentielle. Pour le jeune garçon, c'est surtout l'occasion de prouver à son père qu'il est bel et bien le fils dont il rêvait et pas seulement cet enfant docile aux bulletins de notes médiocres…

Les missions s'enchaînent : poster des lettres de menace, graver OAS sur les murs, cacher les résistants dans des caves et les entraînements se font de plus en plus intenses : pompes et enchaînements en pyjama, au beau milieu de la nuit… Mais tout cela n'empêche pas les coups de pleuvoir et la colère d'un père irascible et impétueux de se déchaîner… Comment être à la hauteur des espoirs d'un homme au destin extraordinaire, qui fût parachutiste, chanteur, footballeur professionnel, espion, pasteur, professeur de judo et tant d'autres choses ?


J'avais déjà été profondément touchée par la plume de Sorj Chalandon dans « Retour à Killibegs » et « le quatrième mur », deux récits engagés sur fond de guerre, de religion et de politique. Si ces thématiques sont présentes dans « Profession du père », elles restent néanmoins en second plan, décor de cette France déchirée des années 60. C'est la famille Choulans qui est cette fois au coeur du roman, Emile en étant le narrateur principal. C'est à travers ses yeux de jeune adolescent de treize ans que l'on découvre les tourments de cette famille, dominée par un père violent, tyrannique et névrosé. Loin d'être un pilier pour les siens, cet homme mythomane et paranoïaque les fragilise, instaurant son règne par la terreur qu'il suscite.

Emile tente ainsi de se construire entre une mère passive et un père malade qu'il admire et craint à la fois. Son regard est naïf, bercé d'illusions et d'espoirs et ne perçoit pas l'incohérence et la folie qui se jouent devant ses yeux… Comme toujours avec Sorj Chalandon, l'écriture est puissante et irréprochable. le texte frappe par sa force et sa justesse, rendant l'empathie du lecteur inévitable. Récit d'une enfance volée, trompée, « Profession du père » fait, à mes yeux, partie des incontournables de cette rentrée littéraire.
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