Philip Marlowe : Adieu, ma jolie

Je m'assis sur une chaise rose en espérant que mes fesses n'y laisseraient pas d'empreintes, puis j'allumai une Camel, soufflai la fumée par les narines et me mis à contempler un morceau de métal brillant et noir posé sur un support. Cela représentait une concavité polie avec un pli d'ombre dans le milieu et deux protubérances sur la courbe. Marriott s'aperçut que je fixais l'objet.
- C'est une pièce intéressante, dit-il d'un ton détaché. Je l'ai découverte l'autre jour. C'est l' Esprit de l'Aurore, par Asta Dial.
- Je croyais que c'était Deux Clous sur une Fesse, par Klopstein.

C'est une femme charmante, entre deux âges, avec un visage qui ressemble à un baquet de merde, et si elle s'est lavé les cheveux depuis la réélection de Coolidge, j'veux bien bouffer mon pneu de secours et la roue avec.

Tous mes biens se réduisaient à un veston, un chapeau et un revolver. Je mis le tout et sortis.

Elle était blonde; belle à pousser un évêque à défoncer un vitrail à coups de pied, pour guigner par le trou.

Il y a des jours comme ça, où on ne rencontre que des abrutis. On commence à se regarder soi-même dans la glace et à douter de soi.

- Est-ce que vous buvez, Mr. Marlowe ?
- Ma foi, s’il faut tout vous avouer…
- C’est que… il m’est impossible d’employer un détective qui s’adonne à la boisson. Je suis même contre le tabac.
- Manger un fruit, c'est permis ?
Je perçus une brève suffocation à l’autre bout du fil.

L'air moite était froid comme les cendres d'un amour défunt.

Mentir d'un signe de tête, c'est toujours mentir, mais c'est moins pénible.

Tout en manipulant ma pipe, j'observais l'Indien et m'efforçais de le troubler par la fixité de mon regard, ce qui avait l'air de lui faire à peu près autant d'effet qu'un clin d'œil à une locomotive.

Il eut un grognement dégoûté et ses narines s'ouvrirent démesurément. A l'état normal, on y aurait déjà logé un putois.