L'avant-propos du recueil commence par ces paroles de
René Char : « Je pense que si je n'avais écrit que "Le Marteau sans maître", on me situerait quelque part dans le surréalisme, ce qui serait inexact. Quand j'ai écrit "Arsenal", je n'avais que dix-sept ans et je ne savais même pas que le surréalisme existait.
Eluard m'avait écrit, c'est comme cela que je l'ai connu et c'est par amitié pour
Eluard que j'ai pris place dans le surréalisme sans qu'il y ait eu de ma part une adhésion à la doctrine et sans que j'aie pratiqué la méthode surréaliste. J'ai toujours ignoré l'écriture automatique et tout ce que j'ai écrit était consciemment élaboré. » Cette précision de l'auteur révèle bien les vives ressemblances de ce recueil du jeune Char avec les poètes surréalistes. Inutile donc de chercher dans les
poèmes de ce recueil (aphorismes, vers et récits en prose) une quelconque construction narrative. Je fais peut-être erreur, mais j'y ai vu une suite de jeux sonores ou d'associations lexicales originales et insolites cherchant à créer des images. Même si je fus sensible à d'autres recueils postérieurs du poète de l'Isle-sur-Sorgues, l'univers de ces premiers
poèmes ne m'a pas touché. Je suis resté froid aux tentatives complexes et mystiques de
René Char, qui se nourrissait, à l'époque, des obscurs écrits d'alchimistes ou autres cabalistes. C'est probablement cet univers là, assez hermétique, qui me laissa quelque peu froid et distant.
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