Citations sur Le Marteau sans maître, suivi de 'Moulin premier' (13)
A l'horizon remarquable
Les grands chemins
Dorment à l'ombre de ses mains
Elle marche au supplice
Demain
Comme une traînée de poudre.
.
Commune présence
Tu es pressé d’écrire
Comme si tu étais en retard sur la vie
S’il en est ainsi, fais cortège à tes sources
Hâte-toi
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance
Effectivement tu est en retard sur la vie
La vie inexprimable
La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t’unir
Celle qui t’est refusée chaque jour par les êtres et les choses
Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
Au bout de combats sans merci (…)
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rebellion de bienfaisance.
L'ORACLE DU GRAND ORANGER
L'homme qui emporte l'évidence sur ses épaules
Garde le souvenir des vagues dans les entrepôts de sel.
La vase sur la peau des reins, le gravier sur le nerf optique, tolérance et contenance. Absolue aridité, tu as absorbé toute la mémoire individuelle en la traversant. Tu t'es établie dans le voisinage des fontaines, autour de la couque, ce guêpier. Tu rumines. Tu t'orientes. Souveraine et mère d'un grand muet, l'homme te voit dans son rasoir, la compensation de sa disgrâce, d'une dynastie essentielle.
La poésie est pourrie d’épileurs de chenilles, de rétameurs d’échos, de laitiers caressants, de minaudiers fourbus, de visages qui trafiquent du sacré, d’acteurs de fétides métaphores, etc.
Il serait sain d’incinérer sans retard ces artistes.
L’ORACLE DU GRAND ORANGER
L’homme qui emporte l’évidence sur ses épaules
Garde le souvenir des vagues dans les entrepôts de sel.
POSSIBLE
Dès qu’il en eut la certitude
À coup de serrements de gorge
Il facilita la parole
Elle jouait sur les illustrés à quatre sous
Il parla comme on tue
Le fauve
Ou la pitié
Ses doigts touchèrent l’autre rive
Mais le ciel bascula
Si vite
Que l’aigle sur la montagne
Eut la tête tranchée.
Voici l’écumeur de mémoire
La vapeur des flaques mineures
Entouré de linges fumants
Etoile rose et rose blanche
Ô caresses savantes, ô lèvres inutiles !
LES SOLEILS CHANTEURS
Les disparitions inexplicables
Les accidents imprévisibles
Les malheurs un peu gros
Les catastrophes de tout ordre
Les cataclysmes qui noient et qui carbonisent
Le suicide considéré comme un crime
Les dégénérés intraitables
Ceux qui s’entourent la tête d’un tablier de forgeron
Les naïfs de première grandeur
Ceux qui descendent le cercueil de leur mère au fond d’un puits
Les cerveaux incultes
Les cervelles de cuir
Ceux qui hivernent à l’hôpital et que leur linge éclaté enivre encore
La mauve des prisons
L’ortie des prisons
La pariétaire des prisons
Le figuier allaiteur de ruines
Les silencieux incurables
Ceux qui canalisent l’écume du monde souterrain
Les amoureux dans l’extase
Les poètes terrassiers
Les magiciens à l’épi
Règnent température clémente autour des fauves embaumeurs de travail.