Sniper de l'écriture,
Yasmine Char écrit comme on ôte le cran de sécurité d'une arme, par petites phrases sèches qui claquent avant la détonation. Elle écrit dans l'urgence, et son langage, d'une rare efficacité, fait progresser son récit à la manière d'un combat : "Je ne voulais pas de ce monde sauvage. Je voulais que le bien triomphe."
Yasmine Char se bat, contre les mots, contre la guerre, contre la violence, contre les fanatisme, contre l'embrigadement, contre le rejet, contre le racisme.
Yasmine Char se bat, désespérément, rageusement, -et ce depuis son premier roman "
la main de Dieu"- en faveur de la vie, de l'amour et du droit de vivre ensemble dans la paix malgré les déchirures et les conflits. Démontrant de manière magistrale comment un frère jumeau aimé se retrouve peu à peu pris dans les filets de l'engagement islamique, comment une femme libanaise (dont le mari français et la fille ont été pris en otage) parvient à survivre à travers le lien qui se crée entre elle et l'héroïne, elle ne cesse d'entremêler les fils du bien et du mal pour en faire jaillir la volonté de vivre, le courage de lutter et d'espérer, tout en dénonçant cette peur qui paralyse et conduit quelquefois l'être humain aux pires extrémités. C'est une belle leçon de vie que ce livre, en ces temps de violence et d'obscurantisme.
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