AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de bdelhausse


Un grand coup de gueule de Charb qui n'aurait peut-être jamais eu ce retentissement si deux jours après la parution de ce petit ouvrage, Charb n'avait été assassiné par les frères dont je préfère oublier le nom et l'existence.

Le corps du texte est une longue attaque sur le mot même d'islamophobie et l'usage qui en est fait. D'aucuns, et je peux suivre Charb dans sa dénonciation, mettent homophobie et négrophobie dans le même sac qu'islamophobie. Erreur évidemment, nous dit Charb. L'homophobie et la négrophobie servent à nier l'humain, l'islamophobie devrait (étymologiquement) être la négation de l'islam... ce qui n'a pas de sens.

L'argument central de Charb est de considérer qu'il est inutile de se doter d'un mot nouveau. Racisme suffit. Ou devrait suffire. Au passage, il note qu'antisémitisme n'est pas le pendant d'islamophobie. Se moquer des cons parce qu'ils sont cons, ce n'est pas la même chose de dessiner un nez crochu à un Juif simplement parce qu'il est Juif (indépendamment du fait que le nez crochu rappelle des caricatures qui n'étaient pas faites pour rigoler).

On le voit, le sujet est complexe et Charb fait de la corde raide. Ancien militant communiste, il a des résurgences de son passé. Mais il tient aussi des propos réactionnaires parfois sur l'ordre des choses. Et à force de vouloir régler ses comptes, il finit pas se perdre un peu dans sa "démonstration" (qui n'en est pas vraiment une).

Car sur le principe de "qsui trop embrasse, mal étreint", Charb tire un peu dans tous les sens. Le propos stricto sensu de son pamphlet, essai, truc... c'est dénoncer les gens qui vivent de l'islamophobie tout en faisant croire qu'ils défendent les droits de certains individus. Un peu comme ces Irlandais qui ont vu les pourparlers de paix arriver avec angoisse car ils pensaient que cela allait les priver d'une raison de vivre. Les rapaces de l'islamophobie sont les intégristes musulmans, les médias et certains milieux que Charb qualifie de "bobo gauchiste" qui semblent incapables de voir la différence entre arabe, musulman, islamiste. En entretenant le concept même d'islamophobie, ces groupes permettent aux racistes de faire florès. C'est là, à mon avis, que Charb se trompe. Les racistes n'ont besoin de rien pour l'être. Si leur voisin est noir, il lui en voudront. S'il est homo aussi. Et s'il est blanc, hétéro, va à la messe... ils trouveront quelque chose à lui reprocher. Charb, étonnamment, ne semble pas avoir mesuré l'ampleur de la connerie humaine et de l'intolérance.

Férocement athée, libre-penseur (tant qu'on est de son avis), il part du principe que se moquer de tout le monde y compris de soi-même, cela permet de vivre mieux en société. de là où il est maintenant il aura le loisir de méditer le fait que Sarkozy a défilé pour lui rendre hommage...

Ce livre a le mérite de bousculer le lecteur, de susciter l'interrogation et pourquoi pas de lancer la discussion. Ce n'est déjà pas si mal. Mais faire changer d'avis les kilotonnes de racistes et de révisionnistes, trolleurs de réseaux sociaux... ne rêvons pas.
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}