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Critique de sylviedoc


Un professeur de français de mon collège a eu la bonne idée d'inviter Alexandre Chardin à rencontrer ses élèves de 3ème, après leur avoir donné à lire ce roman. Comme j'ai été également conviée à cette rencontre (je n'avais pas encore lu le livre), j'ai pu me faire une petite idée des motivations et de la part d'autobiographie, car il y en a presque toujours une, qui en a dicté certains aspects. Il nous a notamment beaucoup parlé de ses rapports compliqués avec son père dans sa jeunesse, et c'est l'un des moteurs de l'histoire.

L'histoire ? Gabriel, adolescent de 15 ans scolarisé en seconde est orphelin, sa mère Stella vient de succomber à un cancer qui ne lui a laissé aucune chance. Son père est décédé il y a plusieurs années déjà, mais il ne vivait plus avec eux, et ses nombreuses incartades lui avaient valu la colère et le désamour de son fils. Celui-ci, qui entretenait une relation très fusionnelle avec sa mère, ne comprend pas que dans la lettre qu'elle lui a laissée elle demande à être enterrée auprès de son ex-mari. Il ne peut s'opposer à cette inhumation, mais se jure de ne pas laisser Stella reposer auprès d'un homme qui lui a fait tant de mal, juste pour satisfaire aux conventions. Il élabore alors le projet fou d'exhumer le cercueil en cachette, et de l'emmener loin, jusqu'à l'endroit qui lui semblera "le bon" pour cette femme qui aimait les arbres, les papillons et les animaux. Il va fabriquer un engin capable de supporter le cercueil, son "bolide", à partir du chassis d'un vieux kart, et, bénéficiant de la complicité d'un employé du cimetière, franchir le pas et partir sur les routes du sud avec sa mère dans son cercueil à roulettes. Il va évidemment faire beaucoup de rencontres, la plupart bienveillantes, certaines plus malintentionnées, et nous le suivrons dans son périple jusqu'au bout de cette route dont il ne connaît pas la destination finale.

Bien sûr l'histoire est totalement irréaliste, et on se doute bien que tant d'heureux hasards et de "complices" de rencontre ne pourraient jamais se produire dans la réalité, mais il faut prendre ce roman comme une espèce de conte je pense, un symbole de la transition entre l'adolescence et le début de l'âge adulte, avec ce que ça implique d'acceptation de la vie, de renonciations aussi, y compris à ses rancoeurs. C'est là que j'ai repensé aux paroles de l'auteur concernant son père, il a transposé un peu de son propre vécu dans le roman, ses remises en question, ses doutes aussi.

J'ai été très touchée par ce voyage initiatique, ce Gabriel (prénom oh combien symbolique, comme celui de Stella, la maman) qui part adolescent un peu en rébellion et qui au fur et à mesure des rencontres grandit et évolue tout en cheminant. Certains des personnages secondaires sont marquants également, notamment Anouar, un petit garçon à la sensibilité exacerbée, et Madame Meaulne, une femme qui se meurt d'un cancer elle aussi dans un hôpital et que ses enfants ne viennent jamais voir. Mais Gabriel ira, lui, et saura adoucir ses derniers instants. Toutes ces rencontres sont brèves, le livre n'étant pas très long, et laissent parfois une sensation d'inachevé. C'est mon bémol, je trouve que certains passages auraient pu être plus développés. Mais sinon je me suis laissée porter sur ce bolide rouge, oubliant toute l'invraisemblance de la situation pour ne penser qu'à cet amour d'un fils pour sa mère.
Je remercie Mattéo, l'élève qui m'a prêté son exemplaire dédicacé, et je lui souhaite de très nombreuses belles lectures !
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