LE DOUANIER (montrant la boîte de médicaments) – C’est quoi ça ? Pourquoi vous avez ça ?
AMIR – C’est rien, monsieur. C’est des médicaments. C’est pour ma sœur.
LA DOUANIÈRE – Si on n’a pas d’ordonnance, c’est interdit.
LE DOUANIER (à Amir et Leïla) – Vous avez l’ordonnance ?
Amir et Leïla se regardent, interloqués.
LA DOUANIÈRE – Pas d’ordonnance, pas de médicament.
La femme range le médicament dans un sac plastique.
AMIR – Madame ! On a besoin du médicament. C’est pour ma sœur. C’est important.
Leïla machinalement s’avance, paniquée.
LE DOUANIER – Madame, vous reculez ! Vous reculez tout de suite ! Je vous ai demandé qu’est-ce que c’est que ça ??
LEÏLA – S’il vous plaît.
LE DOUANIER (la poussant brusquement) – Vous reculez, Madame !
LEÏLA – Monsieur c’est
AMIR (s’approchant de l’homme) – Oh, doucement avec ma sœur !
LE DOUANIER (criant presque et cherchant des yeux la sécurité) – Vous ne me touchez pas, Monsieur !
LA DOUANIÈRE – Sécurité ! Sécurité !
Un agent de sécurité fonce sur Amir, le met à terre, les mains derrière le dos.
LEÏLA – Non, y’a pas de problème, Monsieur ! (en boucle)
Le douanier la saisit et la met à terre, mais derrière le dos.
MARIE – Bonjour à tous. J’espère que vous avez réussi à vous reposer cette nuit, la journée s’annonce difficile. Hier, nous avons dû gérer une arrivée massive. La situation n’a pas changé pendant la nuit. Tous les centres de rétention parisiens sont blindés, il n’y a pas de transfert possible, on va devoir gérer au mieux. Du coup, j’ai été obligée de repenser l’organisation interne. Alors, François et Mathilde vous continuez à éplucher les dossiers des reconduites. Il faut accélérer la cadence, on ne s’en sortira jamais sinon
VIEILLE AGENT DE LA PRÉFECTURE – Oui, l’écoute, c’est très bien… Ce qu’on attend avant tout de vous, c’est d’être capable d’une grande rapidité d’analyse. Il ne faut surtout pas vous laisser déborder par l’histoire personnelle des gens. Vous verrez, ils essaient toujours de vous attendrir pour obtenir les formulaires ou pour que leur dossier passe plus vite. Vous devez être capable de mettre une distance fondamentale. Dernière chose : ici, on se serre les coudes. Pensez en termes d’équipe. Il n’y a jamais d’erreur de la part de vos collègues. Seulement des différences d’appréciation. Vous comprenez ?