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3.66/5 (sur 19 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Millie Duyé suit une Licence de Théâtre (parcours Lettres) à l’Université Paris 3 Sorbonne-Nouvelle puis un Master de Création Littéraire à l’Université Paris VIII. Elle suit une formation de comédienne au Studio de formation théâtrale dirigé par Florian Sitbon en 2012 durant trois années. C’est par le biais du théâtre qu’elle s’intéresse à l’écriture. Elle écrit et met en scène sa première pièce "Le Renard envieux qui me ronge le ventre" en 2017. Elle intègre la Compagnie Les Entichés en 2013 en tant que comédienne et en est aujourd'hui directrice artistique déléguée aux côtés de Mélanie Charvy. Elle écrit son premier roman, "Des Cabanes" dans le cadre de son Master de Création Littéraire, en 2018. Elle travaille actuellement, avec Mélanie Charvy, à la prochaine création de la Compagnie, une résidence d’autrices en territoire sur les Terres du Haut Berry ayant pour thème la question du vivre en ruralité, cette création à pour titre Le fil n'est pas coupé.
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Source : www.ateliersmedicis.fr/
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Un refuge ce n’est pas vraiment un endroit où l’on se sent comme chez soi, c’est un endroit où l’on reste en attendant que l’orage passe. En ce moment, je passe un temps chez mon père. Pour la deuxième fois de ma vie, mon père m’exfiltre mais aujourd’hui, c’est pour me préserver d’un matricide.
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Il est bizarre mon père. Il n’est pas comme moi. Parfois je me demande si c’est mon vrai père. On n’a pas les mêmes réflexes. Peut-être qu’à l’époque, mon père était autre et me ressemblait. Peut-être que j’étais différente auparavant mais que je suis tombée malade depuis que j’ai avalé une ancre. C’est fort probable que je sois seulement la fille de ma mère. Ça me désole parce qu’il est parfait mon père. Mais je ne suis pas comme il voudrait, je le sens bien.
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L’amoureux de ma mère, il est bizarre, il n’est pas comme les autres adultes que l’on peut rencontrer à travers le monde. Il a, c’est vrai, quelque chose de charmant. Il est fou. Les gens apprécient les fous parce que c’est avec eux que l’on voyage et fait la fête. Le fou, c’est celui qui défend toujours les enfants. L’amoureux de ma mère la calmait sur les punitions, l’encourageait à toujours choisir l’option la plus amusante de la vie.
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La maison de mon père est trop grande. Je sais qu’on dit que c’est bien d’avoir une grande maison. Ma mère, elle, dit que c’est bien. Elle dit, il a de la chance ton père. Moi je pense que ce n’est pas nécessaire. Pas nécessaire d’avoir une grande maison si c’est pour ne rien en faire. Mon père, il a une grande maison vide. Il ne s’embarrasse pas des choses – ce qu’il dit. Il est pratico-pratique – ce que dit ma mère. Pratico-pratique, je ne sais pas bien ce que ça signifie, j’imagine que ce sont des gens qui n’ont jamais le temps parce qu’ils ne font que des choses très pratiques. C’est pour ça qu’elle le dit deux fois ma mère, car mon père n’est pas simplement pratique, il ne fait pas que pratiquer, il pratique des choses pratiques, il est pratico-pratique. N’empêche que d’avoir une grande maison c’est pratique. Pratique pour des choses. Avoir de grands animaux que personne ne peut avoir, par exemple. Comme des éléphants. Ou des bélugas. Mon père a nagé avec des bélugas et moi je me dis que pour une fois qu’il aime quelque chose, autant le mettre en pratique : avoir de grands aquariums, des aquariums géants pour les bélugas, ça, ce serait pratique.
J’ai déménagé. J’ai oublié comment mais j’ai aujourd’hui deux parents, bien différents. Chez mon père, il y a beaucoup de place ou beaucoup de vide. Tout dépend de quel côté on se place. Mon père parle de remplir l’espace, moi je ne vois que ce qui manque : ma mère.
Je n’aime pas les maisons vides, je les aime encore moins quand elles sont grandes, parce qu’on s’y sent plus petit. Je ne grandis pas – ce que dit le docteur. Je m’assieds sur une chaise qui me fait suer des cuisses, ma peau collée au plastique, j’ai honte de transpirer chez un inconnu. Le docteur nous montre un graphique. Un graphique, c’est une page quadrillée représentant une courbe qui, selon le docteur, peut prendre des directions différentes, comme dans la vie.
D’après lui et d’après la courbe, je ne prends pas une direction ascendante. Je garde la tête froide. Je lui demande calmement si je rétrécis. Avec le sérieux des médecins qui annoncent les morts, il me répond par la négative et ajoute que je ne serai juste pas bien grande. Ma mère est ravie, ça n’a pas l’air de l’inquiéter du tout que je sois une future naine. En sortant, je lui dis que tout n’est pas perdu, sans doute le docteur se trompe, elle-même n’était-elle pas petite étant enfant ? Ma mère est très grande, si je suis bien sa fille, je le serai à mon tour. Tu es bien la fille de ton père – ce qu’elle dit. Je voudrais retourner chez ma mère pour ne pas finir toute petite. Je demande : Quand est-ce que tu reviens à la maison ?
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Je me demande si dans ce qu’on appelle les situations extrêmes on ne serait pas toujours à égale distance d’un bord ou de l’autre, du blanc et du noir. Comme lorsque l’on se brûle très fort et qu’on ne sait pas si c’est glacial ou brûlant. Je ressens tout trop fort, je ne sens absolument plus rien. Absente à l’extérieur, en dehors du monde, mais trop présente à moi-même. Mon cœur bat partout.
Partout.
On dit souvent battre la chamade. Moi j’imagine mon corps comme un flipper avec mon cœur qui bat dans tous les coins, qui rebondit plus ou moins fort à certains endroits. La chamade, j’imagine ça comme ça, quelque chose d’emballé et d’irrégulier. Là, ce n’est pas la chamade. C’est le battement du cœur, homogène, je voyage en moi-même comme dans le dessin animé Il était une fois… la vie. Il bat pareil dans mes oreilles que dans mes genoux, que dans ma cage thoracique et c’est tout.
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Quand ma mère a ses traversées de douleur, je l’allonge dans son lit gigantesque. Je monte devant, tout au bord et je garde le cap. En tant que tribu-équipage, on a dû s’assembler très vite parce qu’on est des femmes dans un monde d’hommes qui ne nous valent que des emmerdes, comme le dit ma mère. Elle a bien raison. Nous, les femmes-mères, on sait toutes les choses du monde et c’est pour cela que l’on doit courir partout.
Je suis un peu comme son bras droit, je fais les mêmes choses que ma mère. Je l’assiste. C’est une femme d’affaires, pas une femme de maison, comme les autres mères que l’on peut voir à la sortie de l’école. Ma mère ne ressemble pas non plus aux mères que l’on peut voir à la télévision, dans les publicités pour la lessive, avec leur tête de femme parfaite qui sont vraiment des connes. Ce n’est pas du tout son genre. On n’est pas ce genre de famille.
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Encore heureux que je sois la fille de mon père, que j’aie son sens pratique – c’est ce que dit mon père – et que je sois créative – c’est ce que dit ma mère. Grâce à mon sens pratico-créatif, je peux construire une maison à ma taille. Encore heureux que mon père aille chez Ikea – mon magasin préféré – et que j’aie le droit d’avoir un lit spécial en hauteur, un lit super-posé – c’est comme ça que dit mon père. Il n’y a que les magasins Ikea – des boutiques pour les Suédois – qui fabriquent des lits super-posés. Mes amis, qui ne vont pas chez Ikea, ont des lits français qui sont juste posés et franchement pas super. Sous mon lit, je peux construire une maison, plus petite. Une maison de chaoui. Chaoui, c’est un mot que mon père dit. C’est joli, c’est un bon mot pour les gens petits. J’ai tendu un drap du haut du lit, coincé sous le matelas il forme les murs et j’ai installé ma maison en dessous. D’ici, les lattes du sommier donnent un effet poutres apparentes à mon plafond. Je peux y accrocher toutes sortes de choses, le linge qui sèche – j’utilise encore la machine de mon père, mais je compte bien, très prochainement, installer un système de lave-linge – les lumières, avec plusieurs lampes torches – il y a une prise dans le coin, derrière mon lit, mais je préfère être autonome en énergie si ma maison venait à voyager toute seule, si ma cabane devait se transformer en bateau, ou juste se déplacer comme ça nous arrive souvent dans ma famille. J’ai oublié lesquelles, mais cette année j’ai eu trois écoles et trois maisons différentes. Ça dépend de qui mène la barque entre mes deux parents. Je voyage et déménage en suivant toujours le vainqueur. Pour l’instant, c’est mon père qui gagne.
Je dois suivre les règles de sa maison. Ma cabane est dépendante des lois du terrain qui l’héberge. Ma cabane ne s’appartient pas. Je ne peux pas mettre de la paille ni adopter un bébé porc alors que ce serait le rêve.
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La cabane reconnaît son constructeur et n’appartient qu’à lui.
Comme dans les films d’espionnage, un passage s’ouvre automatiquement à mon approche : une trappe au centre du tronc, j’y engouffre tout mon corps, tête la première et me laisse glisser le long d’un toboggan. J’atterris en zigzaguant sur mon lit. Je l’ai aménagé avec des planches au sol. Comme pour les animaux, mon lit est rudimentaire. J’aime imaginer que je suis une bête : un kangourou ou un ours polaire. Souvent, je suis un ours polaire juif qui fuit la guerre avec les Allemands. J’aime les jeux terrifiants où on est pourchassés. Les gens pourchassés sont souvent des héros. Je dois me cacher pour sauver ma peau parce que je suis un animal blanc qui se repère ultra facilement.
Il n’y a pas de blanc dans ma maison. Le blanc c’est la couleur de mon père. La couleur de sa peau, qui n’est pas la même que celle de sa mère et de sa sœur. Il y a deux côtés dans la famille de mon père, les blancs et les mats. Mon père et mon grand-père sont blancs, et ma grand-mère et ma tante sont mates. C’est pareil chez les enfants, ma cousine est mate et moi je suis blanche. C’est un peu dommage, une peau sans couleur, mais il faut être heureux avec ce que l’on a – ce que dit mon père – Il y en a qui n’ont pas cette chance. Moi ça me rend triste de savoir qu’il y a des gens qui n’ont même pas de peau. Alors, oui, je suis contente au moins d’en avoir une.
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Il y a énormément de monde dans ma cabane, j'ai deux cent deux doudous et animaux-jouets, ils ont chacun leur prénom et je leur donne cours tous les jours à la maison, c'est pour ça que je suis fatiguée. Ce sont de très bons élèves, je leur mets tout le temps vingt sur vingt parce qu'ils sont gentils et autant se faire plaisir. Ça fait mal au ventre de se sentir en dessous des autres.
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C’est l’aventure, on sait qu’on risque notre vie mais qu’on ne mourra pas tout de suite puisqu’on est les héros du film. On reste prudentes, on ne sort pas sur le pont.
Dans ces moments-là, on pense très fort à nos amoureux, restés au pays. Ils nous manquent alors on les appelle. On appelle nos amoureux, pour leur raconter notre aventure parce qu’on n’en peut plus, au bout d’un certain temps, de parler à notre compagnon de voyage. On parle du futur, quand on retournera dans leurs bras et c’est ce qui nous fait tenir tout au long du périple. Ils ne nous disent que des choses gentilles parce qu’on est loin et leurs mots doux nous donnent du courage pour passer le mauvais temps de la tempête. On imagine ce que ce serait de les retrouver. On imagine traverser la mer avec eux. On a un très long trajet alors on passe la nuit entière à faire les amoureuses dans nos lits.
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