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Critique de franksinatra


Ancien membre d'une bande de truands, Dillon arrive seul et complétement fauché à Plattsville, petite bourgade de l'Amérique profonde comme il en existe certainement des milliers.
Grâce à la générosité d'un commerçant aisé du patelin qui lui offre du travail, il y prend ses quartiers et tisse des liens avec les voyous du coin pour truquer un match de boxe. Mais la combine échoue et Dillon est obligé de se planquer au vert, après le meurtre d'un parieur mécontent et le cambriolage du magasin de son bienfaiteur, en compagnie de Myra, la fille du parieur défunt, trop heureuse de se débarrasser d'un père maltraitant et du manageur du boxeur.
Méchamment autoritaire, Dillon impose ses règles et mène la vie dure à ses deux acolytes qui finissent par se lasser et tentent de l'assassiner. Mais c'est le manageur qui y perd la vie, poignardé par erreur par Myra dans un combat violent au corps à corps. Après avoir flanqué à la fille une bonne raclée pour bien lui faire comprendre qui commande, Dillon débarque avec Myra du côté de Kansas City. le couple réalise quelques braquages et à la faveur d'une information, Dillon sauve la vie d'un caïd de la ville.
Devenu le bras droit du patron, sa "carrière " décolle. Mais la cupidité de Dillon est sans limite et son couple bat de l'aile. Il s'amourache d'une autre femme et il veut la place du caïd. Si sa nouvelle conquête va subir les foudres de la tigresse sauvage qu'est Myra, il va mener à bien son projet de prendre la place du boss qu'il abat froidement. Il se lance alors à l'assaut de la bande rivale dont il tue le chef pour régner en maître absolu sur la ville et multiplier les rentrées d'argent.
Mais ce meurtre et le franchissement d'une frontière d'Etat à bord d'une voiture volée le mettent à la merci d'une poursuite des Fédéraux. le voilà de nouveau en cavale toujours en compagnie de Myra et d'un fidèle homme de main. Dans leur fuite éperdue, les cadavres s'amoncellent : un motard de la police qui les poursuit alors que les gangsters gagnent une ferme délabrée au fin fond de la cambrousse ; Myra, blessée par le motard est achevée sans remords ni regrets par Dillon ; l'homme qui leur fournit la planque chez ses vieux parents est abattu car Dillon n'a pas confiance en lui. Où cette course à la mort va t'elle s'arrêter ? Et si les deux bandits avaient plus à craindre l'un de l'autre que des Fédéraux ? A moins que la jeune fille simplette de la ferme où ils ont trouvé refuge n'ait le dernier mot.

Publié en 1950 dans la Série Noire, "Les bouchées doubles", écrit à la toute fin des années 30 est le deuxième roman de J. H. Chase après son retentissant "Pas d'orchidées pour Miss Blandish". Alors que le détective Dave Fenner n'a qu'un rôle somme toute mineur dans le premier roman de l'auteur britannique, Chase se passe totalement d'enquêteur dans son second roman, et se concentre sur les protagonistes issus d'un milieu populaire et du grand banditisme, dont il examine les caractères et les motivations.
Dans ce roman noir, l'auteur déroule la trame narrative en trois parties de longueur relativement égales, du moins en ce qui concerne les deux premières, la dernière partie étant un peu plus longue. L'entame du roman donne à l'auteur l'occasion de planter le décor et des camper les personnages que sont Dillon, Myra Hogan et Nick Gurney. Les deux premiers ont un caractère bien trempé et peu de scrupules. le troisième n'est là que comme faire valoir pour les deux autres. Durant ces 75 premières pages, le lecteur se rend déjà compte que pas grand chose n'est en mesure de freiner l'ascension de cet homme et de cette femme aux dents longues qui usent chacun de leurs atouts pour y arriver : violence et brutalité pour Dillon, séduction et sauvagerie pour Myra.
La deuxième partie du roman met encore en avant le tueur froid, impitoyable qu'est Dillon et le côté inhumain de sa personnalité mais aussi son intelligence et sa capacité de réflexion pour atteindre ses objectifs. Myra, quant à elle, semble se satisfaire de la vie assez confortable que lui offre Dillon même si elle aspire encore à mieux tant sur la plan matériel que "sentimental".
La dernière partie débute sous la pluie, un temps gris comme un mauvais présage qui plane sur le couple. qui est maintenant pourtant bien établi. Dillon et Myra sont riches mais il leur en faut toujours plus car rien ne semble pouvoir les contenter. L'instinct de possession les anime au plus haut point. Ce besoin de posséder se traduit chez le premier par "toujours plus de fric" et chez la seconde par "touche pas à mon homme". Ainsi lorsque Myra apprend que Dillon la trompe, pas un instant elle ne songe à se venger de lui car elle en a trop besoin pour le bien-être matériel qu'il est en mesure de lui procurer mais en revanche sa rivale va souffrir dans sa chair lors d'une scène d'une grande violence. Il n'y a pas d'amour dans tout ça, seulement de la possession, pure et dure.
Mais cette soif avide et cupide, par son côté inextinguible même, ne peut que déboucher sur le néant et les deux personnages sont condamnés à disparaitre à tout jamais sans être satisfait de ce que la vie leur procure.
Un roman très noir, de grande qualité, comme nombre d'autres romans de J. H. Chase qui se pose bien en maître de l'inexorable. Pierre Agostini, grand spécialiste de l'oeuvre chasienne a écrit : " Prendre un Chase, c'est la certitude de recevoir une décharge d'adrénaline mais surtout de s'assurer quelques heures de plaisir intense". Croyez-le sur parole : "Les bouchées doubles" ne font pas exception à la règle.
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