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Critique de Pancrace


« On ne croyait plus en rien, en rien d'autre qu'en l'instant et ça jouait d'la musique sur tous les sentiments…Juste une manière de vivre une manière d'être, je me souviens… » *

Je me souviens de mon premier été-liberté, la porte claquée, l'escalier ciré à peine dévalé ma vie allait changer.
Aymon, pourtant bien élevé, lâche ses « vieux », qui sont vraiment vieux, quitte la poussière pour la poudre, éjecte la fumée pour la fumette.
Aucune jeunesse n'est plus éternelle qu'un été ne l'est.
Eté 65, Bob Dylan est déjà en « Freewhellin'», Aymon a 18 ans.
L'appel de l'indépendance l'enverra d'Athènes à Tanger puis à Londres sans autre bagage que sa culpabilité qui viendra en séquence, chatouiller sa calebasse.
Entre un éphèbe talentueux guitareux, un dealer gentil mais calculateur, une anorexique bienveillante, et deux junkies imbibés jusqu'aux yeux, il va déglinguer sa petite face de « propre sur lui », exploser ses traveller-checks à coup de barrettes, miner sa cervelle, vidanger ses bourses neuves et zoner dans ses baskets.

L'itinéraire d'un enfant timoré, paumé dans la Beat génération est séduisant mais relaté sur papier glacé, bien poli et trop raffiné pour pénétrer le côté « sale » des situations, un peu comme à l'extérieur d'un fumoir d'aéroport ou tu vois opaque mais tu respires sain.

Ce petit aréopage est protégé par deux mécènes qui se servent de ces loqueteux célestes comme d'un petit théâtre burlesque et tragique dont ils sont les metteurs en scène tunés de leurs vies de paumés.

Ils mangent, dorment, sniffent, baisent, dans une ambiance musicale, petits pantins ridicules aux questions existentielles à deux balles : Ou est le monde réel ? Doit-on se soucier de l'avenir ? La vie ne mène nulle part qu'à la mort. Mes laitues naissent-elles ? Doit-on faire un plan de carrière ? Oui, mes laitues naissent. Fonder une famille ? Mes laitues naitront !

Lecture d'été-détente de revolver. Mais non, je galèje, le jeune Aymon est un gentil garçon qui va rentrer à la maison de maman si elle lui envoie de l'argent.
Quelle autre solution ? Petit con.

Tu ne savais pas, et si tu n'avais jamais su, comme d'autres grands couillons, ta frustitude t'aurais étranglé plus vite que ta vieillesse.

Lecture d'être et d'avoir été.


* « Balade au mois d'aout 75 », Charlélie Couture



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