La pauvreté contente est une honnête chose,
Qui fait vivre de peu, de soi-même dispose ;
Qui s'estime content malgré sa pauvreté
Est riche, quand bien même il n'aurait de chemise ;
Mais celui dont la vie est une convoitise,
Et qui voudrait en vérité
Avoir tout ce qu'il voit, ce n'est qu'un pauvre hère
Dont la richesse même est abjecte misère.
Les richesses jamais ne furent des vertus !
Certes de nos aïeux recevant l'héritage
Nous pouvons nous targuer d'être de haut parage,
Mais dites-moi, ces bons aïeux,
Peuvent-ils les léguer à leurs petits neveux,
Ces vertus, qui, vivants, en firent de grands hommes,
Et qui les fit depuis appeler gentilshommes ?
« Or quand vous dites que je suis immonde et vieille
Eh bien ! tant mieux pour vous, ne ferez point cocu
Car vieillesse et laideur, et ce n'est pas merveille,
Sont les plus sûrs veilleurs, dit-on, de la vertu.
Toutefois connaissant vos goûts et vos délices
Je dirais même vos caprices
Je ne décline pas votre appétit mondain,
Et le satisferai dans ce qu'il a d'humain.
Choisissez maintenant une de ces deux choses,
De m'avoir vieille et laide, et ce, jusqu'à la mort,
Mais fidèle et soumise en tout état de causes,
Et ne vous donnant jamais tort,
Ou bien de m'avoir jeune et belle,
Et de prendre chance, » dit-elle,
« De recevoir chez vous des gens qui, par ma foi,
Viendront très peu pour vous, viendront beaucoup pour moi :
Je vous donne à choisir, choisissez, mon beau sire,
Et de votre pensée au moins daignez m'instruire. »