Écoutez-moi donc tous, de parler me dépêche,
Voici comment un homme à chaque moment pèche.
Il pèche quand il mange un peu plus qu’il ne doit,
Il pèche quand aussi plus que de droit il boit ;
Il pèche quand il parle avec trop d’abondance,
Il pèche quand au pauvre il ne donne assistance,
Il pèche, sain de corps, quand il ne veut jeûner ;
Il pèche quand dormant sans en rien se gêner,
Il s’en vient pour cela bien plus tard à l’église ;
Il pèche quand son sol il ne le fertilise,
...
Nous sommes de l’avis de Chaucer ; dans notre pensée Jésus est le fils de Marie, des faits de Joseph. Une autre Conception ne serait qu’un cocuage prétendu divin, impossible à admettre. – Note du Traducteur.
Et le prophète dit : ’Si tu n’as feu ni lieu,
Console-toi dans ta détresse,
Mieux vaut être un brave homme et n’avoir un écu,
Plutôt que d’être riche, et d’être un malotru.’
Car le sage nous dit : ’ Tu n’auras de repos
Si tu luttes avec un sot, un imbécile,
Soit qu’il tempête, ou rie, ou son venin distille. ’
’ C’est pourquoi, ’ dit le sage, ’ il te faut à ton frère,
S’il a faim, s’il a soif donner le nécessaire,
Sans cela tu l’occis, ’ et c’est péché mortel
Qui te ferme à jamais les deux battants du ciel.
Geoffrey CHAUCER – Entretien d’introduction aux Contes de Canterbury (CANAL ACADÉMIE, 2010)
L’émission « Au fil des pages », par Marianne Durand-Lacaze, mise en ligne le 19 septembre 2010 sur Canal Académie. Invité : André Crépin, pour sa traduction des Contes.