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Critique de Agneslitdansonlit


Un récit court, sobre, mais d'une sobriété qui confine à un minimalisme qui finalement dessert le propos. Car à trop vouloir conférer un style particulier à son écriture, l'auteur en abuse et tombe dans un travers qui alourdit ce roman et rend la lecture pénible. Cette austérité, excessive mais inadéquate, va jusqu'à priver tous les personnages de leur identité puisqu'aucun prénom n'est précisé... Chacun est donc désigné par sa position familiale : la mère, le fils, le père, la fille. Après tout, pourquoi ne pas ajouter de la lourdeur à la lourdeur ?

Non content de ces effets de style avortés, l'auteur choisit par surcroît de déverser des faits très crus dans son récit, me laissant le souvenir d'un empilement de misères, d'injustices et d'écoeurement.

Emmanuel Chaussade a fait le choix d'une histoire dure, une histoire de malheur sur toute une vie. Un fils raconte sa mère, en commençant son récit par l'inhumation de cette dernière, dans une solitude qui aura marqué toute son existence. Excepté ce fils, personne. Il nous déroule alors cette destinée de chagrin, les origines très modestes, la séparation familiale petite, le placement, les abus par un notable qui dissimulera son immonde visage de pédophile par le masque du bienfaiteur. Lorsque devenue jeune fille, elle fréquentera le fils de ce prédateur, le comble de l'abjection fera de son agresseur son beau-père... le récit se poursuit ainsi dans le nauséeux, cette mère devenant à son tour prédatrice.
La maladie d'Alzheimer vient "couronner" comme une dernière offense cet amoncellement d'afflictions, les enfants plaçant sans scrupule cette mère mal assortie à leur vie bourgeoise, lui reprochant cette mésalliance, dans un établissement : la boucle est bouclée, retour à la case départ.
La mère est très clairement présentée exclusivement comme victime et ne semble jamais être ne serait-ce qu'effleurée par une lumière d'espoir, une résilience, une ébauche d'estime de soi, qui l'extrairait de ce magma désespérant. Elle semble tout bonnement n'avoir jamais grandi, condamnée à vie à un rôle de petite fille abusée.
Le fils est donc l'émissaire de la réhabilitation de cette mère, étoile qui n'aura jamais brillé.

Cette lecture m'a laissée dubitative sur la motivation de l'auteur : pourquoi un tel écrit souvent sordide, qui au final dessert cette mère, pourtant injustement négligée et abusée dès son plus jeune âge.
La réhabilitation, si c'était bien là le dessein de l'auteur, échoue. Ne reste qu'un tableau triste et désespérant.
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