AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de FleurDuBien


Cette critique va être sans nul doute la plus difficile que j'aie eu à écrire sur ce site.
Ce livre a été un choc.
La fabrique des pervers.
Plusieurs chapitres forment ce livre essentiel, dans lequel beaucoup de mots (maux) se répètent à l'envi, comme : saccage, amnésie traumatique, culpabilité, pervers, auto-centré, et j'en oublie.
Titre magnifique, et si vrai, lorsque l'on lit ce livre, devrais-je dire ce récit monstrueux.
Dès les ancêtres de Sophie Chauveau, l'inceste fut un accomplissement et presque une fierté. On apprennait l'inceste aux fistons fiérots de s'être roulé de tout temps dans la fange et la vermine de l'argent mal gagné.
Ces fils donc, dont on a permis l'inceste, dont on leur a dit qu'il était tout naturel de prendre son plaisir avec de jeunes enfants, ou de moins jeunes, ont à leur tour abusé des petits enfants de la famille. Car attention braves gens, il ne faut point aller chercher pitance et bonne chair en-dehors de la famille, sacrilège ! le bon Robert, qui a fauté en violant une petite voisine, fut envoyé derechef à la Légion comme punition.
Tout était bon pour tous : cousins cousines, neveux nièces, soeurs frères, fils filles et bien sûr d'autres adultes dans des ébats malsains récurrents.
Ils vivaient ainsi, sans se soucier des autres, comme de bons psychopathes qui se respectent, sans demander ni avis, ni assentiment.
Car le pervers de base, si j'ose dire, se moque éperdument des autres dont il profite, il n'y a qu'eux qui comptent et leur plaisir.
Ce qui les caractérisent ces adultes abuseurs : absence de culpabilité, absence de pudeur, tout le monde va et vient (si je puis me permettre....) totalement nus, enfants inclus, attouchements, catesses, des furtifs pelotages, un ego surdimensionné , et puis, plus rare mais ça existe (si, si ...), des femmes incestueuses, qui "donnent"à leurs maris leurs enfants pour retrouver la paix des corps, ou bien tout simplement par frustration ou par perversité, comme la mère de l'auteure qui effleure, touche mine de rien, dort dans le lit de ses enfants (si,si...) jusqu'à un âge indu, très impudique, elle racontera à sa fille ses ébats avec ses amants et qui traite son mari, père de l'auteure, d'éjaculateur précoce à qui veut bien l'entendre. Surtout à sa fille, la préférée du père. Elle lui dira aussi qu'elle avait voulu faire une fausse couche et pour ce faire, avait fait du vélo sur des grosses dalles (d'ailleurs cette phrase m'a fait immédiatement penser au livre de Marie Cardinale Les mots pour le dire). Elle aurait aimé avorter d'elle.
Ils se disputaient sans arrêt, dans un univers de violences et de viols, d'hystérie et de fausseté. Ils se mentaient à eux-mêmes.
Bon. J'arrête là pour ses chapitres limite insoutenables, même si Sophie Chauveau nous épargne, et c'est tant mieux, les détails les plus crus.
Vous êtes écoeurés ? Rassurez-vous c'est normal.
Le chapitre qui m'a le plus intéressée est celui dont elle parle d'elle-même, de sa reconstruction, de ce qu'elle a compris de ses parents, et puis quelques citations de Cyrulnik et de Quentin Debray, spécialiste des traumatismes psychiques, qui a bien voulu "décortiquer"et expliquer les abus commis dans cette Fabrique de pervers.
Il paraît que chez les petits enfants abusés, on peut "voir" grâce à l'IRM, des zones touchées dans le cerveau, tant le trauma a été destructeur.
Autant vous le dire tout de go, je ne suis pas aussi optimiste que l'auteure.
Je ne crois pas que l'on puisse s'en sortir réellement, complètement. On va mieux, mais la graine du poison est tapi dans l'ombre, en dormance, resurgeant à l'improviste surtout dans les moments de bonheur.
Pourquoi sont-ce les victimes qui se sentent coupables ? Pourquoi les abuseurs se moquent éperdument du mal qu'ils font ?
Combien de thérapies et de combien de temps faudra-t-il pour exterminer de son esprit et de son corps tous ces abus ? Toute cette violence ? 10 ans, 15 ans, 25 ans ?
À vous de le lire. Vous aurez vos réponses.
J'ai eu les miennes.
Je ne connaissais pas Mme Chauveau, mais j'ai appris, grâce à cette lecture, à être sa soeur.
À mes dépens.



Commenter  J’apprécie          156



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}