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Critique de legallvalentine117


Ayant prévu de vous écrire une chronique sur cinq romans qui brisent le tabou des violences sexuelles, de l'inceste et du viol, il fallait que je lise « La fabrique des pervers » de Sophie Chauveau. J'avais entendu parler de son ouvrage dans la Grande Librairie, dans l'épisode consacré à « La Familia Grande » de Camille Kouchner, roman autobiographique qui m'a profondément bouleversée.

Ici, l'ouvrage relève tout autant d'une autobiographie que d'un essai sur le tabou de l'inceste dans notre société. Tout d'abord, on pourrait presque dire que ce roman a été écrit à quatre mains puisqu'il nous dépeint à la fois le passé de Sophie mais également de sa cousine Béatrice. Deux cousines qui ne connaissaient pas mais qui partagent pourtant une multitude de points communs tous plus sordides les uns que les autres : ce sont deux victimes d'inceste, toutes deux abusées par leur père mais également par d'autres membres de leur famille. Ce sont deux enfants brisées par des violences sexuelles, muselées par des menaces parentales, violées par leurs proches.

Ce qui est frappant c'est que ce ne sont pas deux cas isolés dans une grande famille, bien au contraire. L'autrice remonte jusqu'aux années 1870 et nous délivre une fresque familiale dont les membres ont fini par normaliser ces pratiques criminelles, allant même jusqu'à interroger l'hérédité d'un gène de l'inceste. Les victimes deviennent par la suite des coupables et on rentre dans un cycle sans fin avec toujours plus de victimes. Si les hommes sont les principaux criminels, les figures féminines ne sont pas en reste, on le sait « qui ne dit mot, consent ». Fermer les yeux, reprocher à sa fille d'être « trop excitante », la culpabiliser pour la faire taire. Mais comment y mettre un terme ? Pour Sophie Chauveau, l'écriture est le moyen de conjurer le sort, elle est dénonciatrice, expiatrice et révélatrice des maux d'une société qui peine encore à protéger les victimes et à punir les coupables.

C'est ainsi que l'autobiographie prend une tournure essayiste avec certaines données chiffrées, une réflexion sur le délai pour dénoncer son agresseur, les failles de la définition même des termes de viol et d'inceste. Comment punir justement un crime qui n'est même pas correctement défini ? Comment faire comprendre aux personnes agressées qu'elles ne sont en aucun cas responsables, que ce sont des victimes, quand certains remettent en cause leurs paroles, leurs vécus ?

Même si ce livre est violent, qu'il décrit l'innommable, l'indicible, l'inenvisageable, je ne saurais que trop vous le conseiller, ne serait-ce que parce qu'il met des mots sur des maux. Il faut un sacré courage pour livrer publiquement ses traumatismes, ses réflexions les plus noires alors un grand merci à vous Sophie.

Lien : https://lennaden4.webnode.fr..
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