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Critique de Cigale17


Comme l'indique la quatrième de couverture de son livre Les Plus Belles Histoires de l'escroquerie : du collier de la reine à l'affaire Madoff, Christian Chavagneux est docteur en économie, journaliste et chroniqueur pour divers médias. Il est l'auteur de plusieurs livres concernant le domaine de l'économie qui traitent, entre autres, des crises financières et des paradis fiscaux. C'est donc par le biais de l'économie qu'il va nous raconter l'histoire d'une bonne douzaine d'escrocs, hommes et femmes, de l'Antiquité à nos jours, en s'appuyant sur une solide documentation dont la riche bibliographie apparaît en fin d'ouvrage. Parmi les escrocs que l'auteur nous présente, plusieurs officiaient à la fin du XIXe siècle et pendant l'entre-deux-guerres ; il semble bien que ces époques s'y prêtaient… Une des leçons du livre, c'est que l'on n'escroque pas de la même manière selon les époques : à la fin du XIXe siècle, les arnaques à l'héritage fleurissent ; à celle du XXe et au début du XXIe, ce sont les bulles spéculatives. Il m'a semblé que l'entre-deux-guerres avait donné lieu à des escroqueries plus diverses…
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De la célèbre affaire dite « du collier de la reine » à la chute de Madoff, nous allons découvrir comment se monte et se démonte une escroquerie. Pour qu'il y ait escroquerie, il faut évidemment un escroc, mais aussi un ou plusieurs pigeons, dupes à cause de l'appât du gain, de leur aveuglement, de leur déni face à une situation sans issue, mais rarement de leur bêtise. Il me semble que tout le monde connaît certaines de ces affaires, en tout cas minimalement. Elles révèlent pourtant bien des surprises. Par exemple, dans la très célèbre affaire du collier de la reine, un spéculateur, Claude Baudard, « est l'un des souscripteurs des fameuses rentes sur les “trente immortelles de Genève”, un emprunt en viager de Louis XVI qui voit ses remboursements réduits au fur et à mesure du décès des trente jeunes filles sélectionnées pour servir de base au contrat » (p. 54). On croit rêver… J'avais vaguement entendu parler des terribles arnaques à la colonisation. Je les ai trouvées pires que toutes les autres parce qu'elles touchent essentiellement des gens pauvres, qui vendent tout ce qu'ils ont pour partir vers ce qu'on leur a présenté comme un Eldorado, et qui se retrouvent sur une île pelée que le climat rend quasi inhabitable. Je ne veux pas citer tous les escrocs présentés ici, ce serait fastidieux, mais je voudrais en retenir trois : Ivar Kreuger, le Napoléon des allumettes (suédoises) qui arnaqua avec brio le gouvernement français (entre autres) ; Michele Sindone, le banquier du pape : entre lâcheté, compromissions et trahisons, le Vatican apparaît comme un véritable panier de crabes ! ou encore Henri Lemoine, escroc plein d'imagination, dont Marcel Proust fut une des victimes…
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J'ai bien aimé ce livre, même si, à cause des montages financiers évidemment complexes et tortueux à souhait, je me suis parfois perdue. J'ai en revanche été totalement séduite par la quantité de références littéraires et cinématographiques qui s'y trouvent, annoncées dans le sous-titre de chaque chapitre. Voici par exemple celui de la passionnante conclusion qui traite de la psychologie des arnaqueurs : « Les braqueurs de cerveaux, où apparaissent Pinocchio, Herman Melville, Honoré de Balzac, Daniel Kahneman, des psy, Mediapart, le Wall Street Journal et Jennifer Lawrence ». Bref un sujet intéressant, traité de manière originale.
Merci à l'opération Masse critique non fiction et aux éditions du Seuil pour l'envoi de ce livre.
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