TOUR D’HORIZON
Un confetti sur un écueil
un nécromant dans un cercueil
un dromadaire portant le deuil
Un spirochète dans l’artère
un aléa dans le mystère
un autochtone sur ses terres
Une gondole sur un canal
un électron phénoménal
un cri d’oiseau qui me fait mal
Un galopin qui se mutine
un adjudant dans ses sardines
un grand amour qui se débine
Un léopard dans son manteau
un poil de cul sous les ciseaux
un évéché dans le ruisseau
Un aristo à la lanterne
un vieux grognard en sa giberne
un horoscope à la citerne
Un nom pour le calendrier
l’orage dans un encrier
la chute dans un cendrier
Un enfant nu sur une plage
une âme ratant un virage
l’éternité aux seins volages
Je me De De
Je me vermine
Je me métaphysique
Je me termite
Je m'albumine
Je me métamorphose
Je me métempsychose
Je me dilapide
Je n'en aurais jamais fini
Je me reprends
Je me dévore
Je me sournoise
Je me cloaque
et m'analyse
Je me De De
Je m'altruise
Je deviens mon alter ego
Je me cache sous les couvertures
Je transpire l'angoisse
Je vais crever madame la marquise
Verdict
à Pierre Bourgeois
On est comptable et de tout et de rien
on est comptable irréversiblement
irrévocablement
de tous les mouvements divers de sa conscience
Tout nous assaille
tout nous meurtrit
nous circonscrit
tout nous concerne
nous cerne
nous emprisonne
nous désavoue
nous loue enfin pour mieux nous accuser
nous particularise
tout se nourrit de notre défaillance
En apparence à notre insu
un oiseau médite sur son aile brisée
et sur sa toile une araignée est triste
et sur le banc des accusés
un innocent s'efforce en vain de réfuter
l'interminable acte d'accusation
Demain tantôt qu'allons-nous faire
de cet instant précis qui déjà nous observe ?
C'EST CURIEUX
J'avais jeté depuis longtemps
mon image aux orties
mon sexe était rayé de la carte du tendre
Je viens de les croiser imperceptiblement
en pourpoint de murmure
près du sentier qui conduit dans les joncs
d'où nous surveille l'oiseau noir