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Critique de JeFdeNantes


« Il est plus facile de désagréger un atome qu'un préjugé ! » est un aphorisme attribué à Albert EINSTEIN, que l'on convoque souvent. En Science comme ailleurs, les préjugés ont la vie facile. L'un des plus tenaces est celui du rôle des femmes dans la pensée scientifique. Ingénieure, chercheuse, professeure : la féminisation des métiers techniques, comme des autres, contribue lentement au changement des mentalités. Une autre approche est possible : regarder lucidement l'histoire. C'est ce que propose Gérard CHAZAL dans son ouvrage Les Femmes et la science (Ellipses, 2015).

Il n'y a pas que Marie CURIE comme exemple de femme scientifique ! Première lauréate du prix Nobel de Physique ET de Chimie, scientifique hors-pair et citoyenne exemplaire, elle est un bel arbre qui cache une forêt trop inconnue : celle des contributions féminines à la science.

On attribue sans certitude historique la découverte de l'orbite elliptique de la Terre à Hypatie (360-415), philosophe et mathématicienne qui dirigea l'école néoplatonicienne d'Alexandrie. C'est le point d'ancrage d'un film réalisé par Alejandro AMENABAR en 2009, « Agora », dans lequel l'actrice Rachel WEISZ donne, tout en beauté, son corps à un personnage féminin dont les historiens savent peu de choses, et pour cause. Victime de l'intégrisme chrétien de l'époque, son histoire n'a pas échappé à la destruction par ses persécuteurs... Vae Victis !

Emmy NOETHER (1882-1935) a elle laissé aux mathématiques pures un théorème qui porte son nom : en rapprochant les notions de symétrie et les lois de conservation, il établit un pont entre géométrie et algèbre. Etudiante à l'université d'Erlangen, elle devait se contenter d'être auditeur libre ; enseignante débutante à l'université de Göttingen, ses cours étaient supervisés par ses collègues masculins – signe de temps… Les applications théoriques de ses travaux sont nombreuses, comme pour la Théorie de la Relativité développée par Albert EINSTEIN, lequel reconnaissait ses contributions exceptionnelles aux mathématiques. Son cadre de pensée contribue également à établir des résultats précieux sur les équations de la mécanique, et des méthodes numériques utiles aux ingénieurs.

L'histoire d'une conquête que celle de la place des femmes dans les sciences – comme dans la société tout entière – racontée en exemples remis dans le contexte de leur époque. D'Hipathie d'Alexandrie à Emmy NOETHER, en passant par de nombreuses autres personnalités, les femmes ont été autant que les hommes des contributrices remarquables à la recherche et aux découvertes scientifiques, luttant pour cela contre les dominations et les préjugés.

Gérard CHAZAL défend avec justesse la thèse selon laquelle « le fait de tenir (les femmes) à l'écart (de la science) tient plus à des raisons idéologiques, sociales ou religieuses qu'à des raisons biologiques ». Il le montre par de nombreux exemples, couvrant différentes disciplines et périodes historiques. En d'autre termes, des femmes sont tout aussi douées que des hommes pour les sciences dites « dures » (mathématiques, physique ou chimie) et leur apport passé – et surtout futur – est aussi déterminant que celui des hommes pour le progrès de la connaissance et de ses applications au bénéfice de l'humanité…
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