Le sujet numéro un redouté par Janis, dressée sur ses ergots contre toute intrusion dans sa vie privée intime perso. Et pour ce qu'elle en avait, c'était justement cette absence qui était à planquer. Pas de sexe. Interdit de baise, de cul, de jouissance, de préliminaires, d'orgasmes et de point G. Du coup, rien qu'y penser la dégoûtait. À qui balancer ce genre de révélation ? Et pour quoi?
Avancer, évoluer, franchir, grimper, rester dans l'action, tout le monde connaissait pas coeur le credo de Janis tellement ses actes le transpiraient. (…) L'instinct du chasseur – rien à faire, chasseuse n'entrerait jamais dans son vocabulaire, ah, cette éternelle difficulté à tout mettre au féminin. Et solitaire avec ça, le genre cow-boy justicier qui repart sempiternellement seul au soleil couchant. Quitte à foncer, coudes en avant, pour forcer les mauvaises portes, de celles qui lui reviennent en pleine gueule, épaississant au passage la liste des griefs et inimitiés qui se tissaient autour d'elle.
Des insultes sortant en grumeaux de sa bouche, elle se pencha pour ouvrir la boîte à gants, tâtonna d'une main aveugle et en sortit un révolver. Retrouvailles inattendues avec son vieux copain, le Sig P226 X-Five, carcasse acier finition titane. Ça faisait si longtemps. Contact de la crosse, vérification du chargeur, de quoi se défendre tous azimuts à coups de calibre 9 mm, cartouches garanties d'origine, quinze plus une engagée dans la chambre. Clac.
Qu'est-ce que Janis Pearl Marteen avait de commun avec Janis Lyn Joplin ? Belle lurette qu'elle serait morte si ça avait été le cas. À vingt-sept ans, d'alcool, de came, de fête, de baise. Et puis elle aurait eu du style et du talent, aligné amants et maîtresses, elle aurait été tapageuse, flambeuse flamboyante, vêtue de rose et de colifichets : rock'n'roll. Tout le contraire d'elle, en somme.