Ah ! Les actrices. Impulsives, passionnelles, insupportables.
Les plus beaux yeux pour moi sont des yeux pleins de larmes.
Pour nous autres, acteurs, demain n'existe pas !
Nous sommes des artisans de l'éphémère, mon Coq. Allons leur montrer notre art.
— Croyez-vous que jamais je n’aie dû me battre pour garder ce café ?
Chaque client, chaque homme me renvoie ma couleur de peau comme une insulte.
Mais il est un endroit, un seul, où nous sommes tous côté à côté dans l’ombre… c’est au théâtre.
Vous avez de l’or entre les mains. Une pièce sublime. Voulez-vous qu’elle disparaisse dans l’oubli ou qu’elle soit le plus grand triomphe du théâtre français ?
— Mais… et la Comédie-Française ?
— Quand Molière vivait, les comédiens étaient enterrés hors des cimetières. Vous êtes en marge de cette société bourgeoise. Vous, les artistes, êtes des hors-la-loi !
Croyez que devers vous mon cœur ne fait qu'un cri,
Et que si les baisers s'envoyaient par écrit,
Madame vous liriez ma lettre avec les lèvres.
Moi, monsieur, si j'avais un tel nez, Il faudrait sur-le-champ que je me l'amputasse !
Ce sera un triomphe. Le petit nous a pondu une pièce magnifique. Dans 100 ans, elle se jouera encore.
Edmond ! Expliquez moi : Christian est mort, Roxanne est dévastée… nous partons au combat voué à une mort certaine… Où est la comédie ?
- Oui, je sais… Il manque un acte !
- Encore !
Je me suis bien battu madame et c'est tant mieux,
Non pour mon vilain nez mais bien pour vos beaux yeux.
C'est une romantique. Il faut la faire rêver, lui dire de belles choses, abandonner la prose. Passe aux vers.