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Critique de katicha


Fils d'un OS maghrébin bourré de principes et d'une maman trop effacée, il rêve d'être artiste. Poète ou écrivain, en gros. Il ne sait pas trop. Il sait seulement que ses parents lui portent sur les nerfs, qu'il a peu de choses à leur dire, et qu'ils l'emmerdent. En gros.
Ce n'est pas seulement de voir son père jouer les patriarches, de voir sa mère reproduire éternellement la même journée . C'est aussi l'impression qu'ils n'ont rien pigé à la vie, la vraie. Qu'ils ne savent pas prendre du bon temps. Quelque chose comme ça, quelque chose que tous les ados poussés en graine ressentent un jour ou l'autre.
Surtout le jour où tu t'aperçois que ton daron a fouillé dans tes affaires. Et qu'il te fout à la porte après une engueulade homérique, ou que tu t'enfuis pour échapper à la baffe de trop, un truc comme ça. Et que tu te retrouves seul, à fouiller les poubelles, à mendier pour boire un coup, sans trop savoir ce qui t'arrive.

La providence , tu n'y crois qu'à moitié. Surtout quand elle prend l'aspect d'un épicier brutal, âpre au gain et combinard. Mais faute de mieux, tu suis Alain Basile dans ses délires, ses projets fumeux, et tu finis par dépendre de lui.
Devenir le bras droit d'un bras cassé, c'est pas franchement un projet d'avenir, mais c'est mieux que rien. Et c'est comme ça que tu te retrouves à crécher dans une piaule miteuse au-dessus de l'épicerie, entre un travelo , un junkie et un ancien légionnaire.
Rimbaud peut aller se rhabiller ...

Contrairement à beaucoup de gens, j'ai bien aimé ce premier roman de Djamel Cherigui. Passées les premières pages un peu déstabilisantes - il écrit comme on parle - j'ai suivi avec plaisir les errements de "l'artiste", dans la vraie vie des vraies gens, et apprécié des pages qui m'ont rappelé l'exagération délirante d'un San-Antonio, les personnages d'un Albert Simonin . Peut-être est-ce ce côté trop réaliste qui déroute les lecteurs, personnellement j'ai trouvé rafraîchissant et réconfortant qu'un auteur parle crûment et clairement de gens dont tout le monde se fout.
Ses clients, quoi. Car Djamel Cherigui est épicier de quartier à Roubaix. Et des mecs décavés, paumés, il doit en voir passer un paquet. Alors oui, le style est sans doute loin de ce qu'on attend d'un roman "social" vu depuis les salons cossus . Il est juste à hauteur de vitrine. A hauteur d'homme, quoi.



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