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Critique de Lutin82


L'humanité a conquis les étoiles, plus exactement les plus proches du système solaire. Cette prouesse est à mettre au crédit de l'Earth Compagny, une entreprise visionnaire qui a fait le pari de l'aventure spatiale à l'aube du XXI° siècle. A son tableau de chasse nos 9 (oui, c'est bien 9) planètes et leurs satellites les plus importants et les plus riches. le principe nous enseigne qu'il faut se donner les moyens de ses ambitions, n'est-ce pas ? Qu'à cela ne tienne, cette compagnie débordait d'impudence et d'ambition! Elle appliqua ce précepte à la lettre et au-delà. Au-delà du berceau de l'humanité : elle conquis les étoiles proches, défrichant l'inconnu, faisant fi de l'angoisse, des réticences et des médisants. L'Earth Compagny s'est projetée dans l'espace telle une hyène sur une carcasse fumante, forçant, pliant, et maîtrisant l'adversité à coup de milliard et de témérité. A sa botte une flotte d'exploration, la mise en place de stations de plus en plus lointaines, de plus en plus vitales pour assouvir ses rêves pharaoniques.

Puis vint le temps des flottes marchandes, et de la découverte d'une planète habitable (Pell) puis, d'une seconde (Cyteen). Et ce fut le début de la fin pour cette entité faiseuse de rois, éminence grise de tous les gouvernements de la Terre.

20 ans, c'est le temps nécessaire pour faire le tour des stations de l'Earth Compagny, plus qu'il n'en faut pour que naissent des envies d'indépendance et de liberté. Ce que décidèrent Cyteen ainsi que les systèmes proches en créant l'Union, et déclenchant une guerre qui mit à genoux l'Alliance… Comme quoi même l'espace peut nous jouer une tea party !

Voici résumer les dix premières pages de la Forteresse des étoiles. le titre en VO est Downbellow Station, un jeu de mots avec les « laisser pour compte » dont il sera aussi question dans le récit de Cherryh. Cependant, la traduction française est appropriée, tant la situation de la station spatiale partage de nombreux point communs avec une place forte.

La comparaison avec les grandes compagnies des Indes Orientales (XVI et XVII° siècles) me semblent plutôt judicieuse, car le développement, l'ambition et les moyens consentis partagent de nombreuses similitudes. Les temps sont incompressibles dans cet univers. La technique des « sauts » y existe mais présente de nombreuses limites rendant cohérent ce que nous propose Cherryh. Il y a un soucis de vraisemblance et de détails que j'avais apprécié chez Reynolds dans Les enfants de Poséidon. Ce roman pourrait y être une étape première de l'univers Union-Alliance d'ailleurs.

La station Pell est un verrou stratégique de tout premier ordre. La partie la contrôlant ainsi que « sa » planète prendra un net avantage sur la maîtrise des routes commerciales et de tout un secteur, ainsi que d'autres petites choses insignifiantes suivant les protagonistes. Pour l'Union, il s'agit de tenir une position « proche » de l'espace terrestre, une place forte pour surveiller le trafic d'une position avantageuse et incontournable (demandez à Vauban comment verrouiller une vallée convoitée). Pour la Terre, les enjeux sont encore plus vitaux, toute sa projection « stellaire » est en péril, il lui faut maintenir son lien avec les étoiles et récupérer ses petits capitaux… La flotte de Mazian – dont l'armateur n'est autre que l'Earth Compagny – la considère comme un poste avancé ouvrant la possibilité de faire mal à l'Union en portant le conflit dans le territoire des clones.

La forteresse des étoiles n'est pas un simple space opéra. Certes, nous avons des vaisseaux spatiaux, des flottes militaires en conflit et des flottes marchandes en « déroute », réquisitionnée, en perdition, en fuite, ou pour les plus astucieux face à une opportunité unique pour les affaires. Finalement, cet aspect est relativement secondaire même s'il participe à l'élaboration d'un univers dense, complexe, touchant intelligemment à tous les domaines de la vie (et de la mort aussi!). le récit se place à la fois dans l'espionnage et le thriller, une ambiance relativement proche en terme de tensions et de jeux politiques entre plusieurs nations de The Expanse de SA Corey.

Ainsi, le lecteur se familiarisera-t-il avec une station spatiale en pleine crise. Une place enviée par l'ensemble des méta-nations en présence, mais également en proie à des convoitises, des trahisons et des luttes intestines. Fan de Star Trek, je ne peux m'empêcher de faire le rapprochement avec DS9, à tel point que je me demande si l'oeuvre de Cherryh fut une source d'inspiration pour les créateurs de la série. L'auteur propose un système élaboré avec soin qui a toutes les caractéristiques d'une cité-état avec ces autorités, son conseil, ses dissensions, les soucis d'approvisionnement, les jeux politiques,… (Si vous connaissez DS9, vous êtes à même de compléter mes blancs). Et des enjeux cosmiques.

L'union et l'Alliance (Earth Compagny) sont en guerre depuis des années. Il semblerait que les stations possédées par l'Earth Compagny ait « chuté » de l'intérieur… le point de ravitaillement et de secours le plus proche : Pell. La station voit donc s'échouer sur ses docks des milliers de réfugiés en provenance des ses consoeurs tombées (Viking,…) sans avoir la ressource nécessaire pour faire face. Inutile de brosser le tableau de la misère humaine et de sa barbarie quand la « société » ne fonctionne plus. Ce sont eux les laisser pour compte (Downbellowers) auquel le titre du roman fait référence. Heureusement, Pell possède des atouts conséquents, outre une équipe dirigeante dévouée (mais pas sans défaut) et pragmatique, une planète habitable.

Ma critique est plus complète sur mon blog, n'hésitez pas à vous y rendre! Ici, ce serait bien trop long.
Lien : https://albdoblog.wordpress...
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