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Critique de lillou


lillou
23 septembre 2010
Jacques Chessex narre un épisode advenu dans sa région natale alors qu'il était âgé de huit ans. En 1942, à Payerne, « ville des charcutiers » plutôt cossue dont l'emblème est un cochon, une bande de nazillons, tous fascinés par Hitler et adhérents au parti extrémiste suisse, s'agite. Ils veulent faire un coup d'éclat, pour impressionner le NSDAP qui créerait une cellule dans leur région, que dirigerait bien sûr leur leader Fernand Ischi. Dans ce but, ils décident d'exécuter – à leurs yeux, de « sacrifier » – un Juif : le choix se porte sur Arthur Bloch, marchand de bestiaux qu'ils « tueront comme un cochon », et effectivement les détails donnent la nausée.
Les meurtriers sont assez rapidement découverts et jugés en 1943 : ils ne montrent, évidemment, aucun regret et revendiquent fièrement leur monstrueux assassinat. Ils se vantent même d'avoir établi une liste de leurs prochaines victimes.
Dans plusieurs entretiens, Jacques Chessex raconte à ce propos que son père, président du Cercle démocratique (farouchement antinazi), était deuxième sur cette liste. Profondément marqué par cette histoire, il ressentait le besoin de s'en faire l'écho. Et c'est ce qu'il fait dans ce récit, en décrivant les événements et le mental des protagonistes, et en questionnant la notion même de « mal ».
Dans la restitution de toute cette horreur, la justesse du ton des propos extrémistes peut mettre le lecteur mal à l'aise. On est tenté de reprocher à l'auteur de leur donner une tribune, mais ce n'est évidemment pas le cas : dans les derniers paragraphes, Chessex explique clairement sa posture. Parallèlement à la narration, il s'interroge sur la question de l'horreur et convoque pour cela Jankélévitch (là, j'ai un peu décroché, il faut l'avouer), expliquant la difficulté à parler de ces monstruosités « authentiques ».

Bref, un texte court, extrêmement littéraire (style brillantissime mais difficile) et terriblement puissant.

Lien : http://monbaratin.blogspot.c..
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