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Critique de Eve-Yeshe


S'inspirant du célèbre tableau de Vermeer, Tracy Chevalier nous raconte l'histoire de Griet, la jeune fille à la perle, telle qu'elle se l'imagine. On la suit dans la Delft du XVIIe siècle, parcourant les rues dans le froid et la neige, dans cette société où se côtoient sans jamais vraiment se rencontrer les riches catholiques et les protestants pauvres, les uns au service des autres.

Son père, fabriquant de carreaux de faïence peints à la main, étant devenu aveugle après l'explosion d'un four, Griet a été obligée de se faire engager comme domestique. Elle doit tout faire, les lessives à la main, le nettoyage des parquets, se rendre chez le boucher, le poissonnier, de l'aube à la nuit sans jamais se plaindre, sous le regard moqueur des enfants.

Deux mondes que tout oppose, le peintre isolé dans son atelier, tentant de vivre de son art. Sa femme, dont le rôle dans la maison est réduit à la portion congrue et la vie limitée à la procréation, les grossesses se succédant à grande vitesse. Elle n'a même pas droit au rôle d'intendante qui est tenue par sa propre mère, qui dirige tout.

le peintre tient absolument à ce qu'elle reste en dehors de son art : l'un crée, l'autre procrée… Il y a l'atelier d'un côté où personne n'a le droit d'entrer en dehors des modèles et de Griet pour y faire le ménage, époussetant, cirant en prenant bien soin de tout remettre en place pour ne pas nuire à l'élaboration de l'oeuvre en cours.

On voit évoluer la jeune fille, la peinture éveillant sa curiosité alors qu'elle sait très bien qu'elle n'accèdera jamais à ce milieu du fait de sa condition sociale. Cela n'empêche pas que s'installe une relation particulière entre eux, l'art les relie, ils se comprennent sans forcément se parler. Leurs regards se croisent furtivement, leurs mains se frôlent parfois, on devine les émotions…

Les couleurs, l'art, la lumière et la façon dont on l'utilise prennent toute la place dans ce roman qui fait vibrer le lecteur et apporte un éclairage particulier à cette société dure, ces mondes qui restent hermétiquement fermés l'un à l'autre : l'art illumine ce monde dur quasiment sectaire entre riches et pauvres, familles de la haute société mais qui n'ont pas forcément d'argent et le peintre, pour faire vivre sa famille doit se plier aux exigences d'un mécène tout-puissant qui abuse ses privilèges, imposant les thèmes des tableaux.

Tracy Chevalier nous raconte l'histoire d'un tableau et à travers lui, celle de la société hollandaise de l'époque et ses codes rigides. le rythme est lent, le roman nous racontant la vie au quotidien des protagonistes et pourtant je l'ai lu sans pratiquement le lâcher,tant la tension devenait palpable, suivant Griet dans les rues, dans la maison, dans ses gestes répétitifs, dans la préparation des couleurs et dans son éveil à l'art.

Note : 8,2/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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