Récits du Demi-Loup, tome 1 : Véridienne

J'avais commencé cet ouvrage pour deux raisons : d'abord, l'idée de pouvoir lire de la fantasy française, puis la promesse de voir se dérouler une chronique à quatre mains qui aurait comme narrateur des narratrices. Sur ce point-là, il est vrai que le contrat est tenu, du moins en partie. Car l'un des plus gros défauts de ce roman est certainement sa manière de complètement déroger à ses deux narratrices annoncées d'entrée de jeu pour leur adjoindre des extraits de journaux intimes, de récits rapportés ou de correspondance, ce qui casse complètement le choix de départ et noie les informations qui auraient pu et auraient dû surtout permettre aux deux narratrices de jouer un rôle certain dans le scénario.
L'histoire, si elle partait sur de bonnes bases, avec notamment la ficelle classique mais toujours efficace du putsch politique et de la fuite d'une héritière pour sauver sa vie, perd très vite de sa substance au profit de petites anecdotes insipides ou sans lien direct avec l'intrigue. le fait seul que Calvina, princesse des Eponas, ne soumette une lettre de revendication au possible usurpateur du royaume de son père 8 ans après sa prise de pouvoir, est à lui seul éloquent de la manière avec laquelle l'intrigue est construite, dans une complète dolence. À cela s'ajoutent des problèmes de chronologie certains, renforcés par la nécessité de croiser les jugements et les témoignages, si bien que la narration en devient complètement erratique : à quoi bon insérer par exemple les mémoires du prince Aldémor s'il en vient à raconter cela lui-même plus tard ?
Les personnages ne sont également pas au rendez-vous : entre les héroïnes insipides et insupportables, qui passent leur temps en action inutiles ou complètement hors de propos, les souverains falots et ennuyés, les actions parfaitement illogiques. Bref, on s'ennuie, et bien fort dans ce tome qui se perd complètement et trouve même le moyen d'être graveleux et malsain à l'occasion, sans que l'on comprenne vraiment l'intérêt de telle situation. Rien ne permet de donner envie de lire la suite, et ce n'est pas l'utilisation très approximative des processus narratifs par l'autrice qui va y changer grand-chose : la fin est également trop ouverte, sûrement dans l'optique du tome II, mais sans cliffhanger donnant envie d'en savoir plus. À éviter.