Alors je revenais, matin après matin, pour l'écouter encore.
Son âme dévastée dirigeait en secret ma main sur le papier, et de sa plume acerbe griffait la page blanche de mon cœur bouleversé.
Qu’ai-je fait au Bon Dieu pour mériter cela ?
Ma conscience me tourmente :
c’est vrai, même au fond de l’abîme, je pense encore à moi !
Car oui, c’est moi l’erreur …
J’ai engendré un monstre !
Enfin, un assassin. Est-ce bien différent ?
J’ai mal. Tellement mal !
J’ai mal à la victime. Car il l’a violée, la victime !
J’ai mal à mon enfant, le petit lièvre noir issu de mes entrailles.
J’ai mal d’être sa mère. Je n’ai pas su l’aimer ?
Pas pu le protéger ?
J’ai mal à l’entrecuisse,
cette porte secrète intime et inquiétante,
porteuse de nos espoirs, comme de nos désespoirs, déflorée sans respect,
déchirée sans scrupule,
obscur objet du vil désir d’un homme sans honneur ni regrets,
intimité polluée,
plaie béante infectée,
sexe donneur de vie, mais où la mort se niche,
précieux recoin de l’être
qui ne servira plus.
Oh non, ça, plus jamais !
Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas , c'est parce que nous n'osons pas que les choses sont difficiles .
Sénèque
Nathanaël... n'emporte pas mon livre avec toi.
André Gide, Les Nourritures Terrestres, 1897
La blessure vit au fond du coeur.
Virgile, l'Énéide, 29-19 av. J.C.