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Critique de Melisende


Sans le PLIB 2019, jamais je ne me serais tournée vers cette cinquième et dernière lecture imposée. L'onirisme japonais me laisse assez sceptique. Mes tentatives auprès de Murakami n'ont pas donné grand chose, je crois que je suis assez hermétique au genre. C'est donc relativement perplexe que j'ai entamé ce dernier roman, dans les tous derniers jours impartis. Et je peux maintenant vous l'avouer, c'est pour lui que j'ai voté !
Alors comment l'outsider de la compétition a-t-il pu se hisser jusqu'à la première place ? Explications.

La Fille qui tressait les nuages est un roman court mais surprenant. Décalé même. Et ça commence par le choix de l'illustration de couverture. Avouez, en la voyant, vous aussi vous vous imaginez une balade onirique sous les fleurs de cerisiers ? Oui mais non. Avec Céline Chevet c'est plutôt remake de The Grudge. Avec des chatons. Et croyez-moi, les chatons n'ont pas le beau rôle.
Etonnant comme d'un cercle restreint de personnages l'autrice parvient à tisser une trame riche de non-dits, de secrets bien gardés et de souvenirs qui s'effritent. L'ambiance est lourde, malaisante, empreinte d'un réalisme magique propre à la littérature nippone, me semble-t-il, mais qui, pour une fois, m'a convaincue.

Alors je ne me suis pas attachée aux personnages que j'ai trouvé beaucoup trop évaporés pour en faire des êtres palpables mais j'ai été surprise – en bien – par la construction narrative choisie par Céline Chevet.
Il y a certes une certaine lenteur d'exécution, des scènes qui semblent « inutiles » (bien qu'elles soient riches de significations cachées à mon avis) et quelques éléments d'intrigues que l'on perce à jour assez vite mais j'ai justement aimé cette atmosphère un peu au ralenti – comme si rien n'avait de prise sur rien – cette atmosphère cotonneuse et sibylline (pour ne pas dire carrément chelou).
Les souvenirs des personnages se dévoilent petit à petit ; le lecteur ne tresse pas les nuages aux côtés de Haru mais il tisse, au fil des pages, les fils de la mémoire de Julian. L'envie de mettre le doigt sur les réminiscences et les secrets qui s'y cachent est bien là et lorsqu'enfin, le voile se lève sur les révélations, certaines d'entre elles ne manquent pas de surprise.

Le final est étonnant. Doux amer. Il me semble que c'est encore une fois une caractéristique de la littérature japonaise : un héros qui échoue, au bout du compte, malgré toutes les épreuves plus ou moins réussies pour en arriver là. Alors il n'y a pas qu'un héros ici, certain.e.s s'en sortent mieux que d'autres, mais chut.
Je ne vous raconterai pas ce que Céline Chevet réserve à ses personnages mais je peux vous dire que je suis satisfaite de ses choix. Je n'étais pas certaine de les avoir saisis mais une discussion avec Céline (de Booktubers App) m'a confirmé que si, et c'est tant mieux ! Mais après tout, à vous de comprendre ce que vous avez envie de comprendre avec les dernières pages du roman.

Il me semble avoir vu que quelques lecteur.ice.s avaient été déçu.e.s par leur voyage au Japon. Pour ma part, pas du tout, au contraire même ! Céline Chevet est amoureuse du pays, elle y a vécu et ça se sent dans l'écriture, dans les descriptions du quotidien et notamment dans l'emploi d'un vocabulaire bien particulier.
Alors oui, certains paragraphes peuvent donner l'impression d'une surenchère de termes nippons – qui amènent quelques notes de bas de page – mais je n'ai pas ressenti ça négativement, comme une démesure maladroite. Non, ça m'a aidé à m'immerger plus facilement dans l'ambiance. Alors oui, ça manque peut-être un peu de subtilité mais pour les novices comme moi, c'est plutôt bienvenu.

La Fille qui tressait les nuages n'a pas été un coup de coeur ; aucun des cinq finalistes de ce PLIB 2019 ne l'a été. Mais il a été le livre qui m'a le plus surprise. Derrière cette illustration colorée et douce, j'ai découvert une ambiance dérangeante et parfois presque aussi glauque qu'un film d'horreur japonais. Les révélations concernant les personnages n'ont pas toutes réussi à me surprendre mais dans l'ensemble, je me suis laissée berner jusqu'au bout, emportée par le suspens. Voilà qui me réconcilierait presque avec l'onirisme magique de la littérature nippone ; pour ça, merci Céline Chevet !
Lien : http://bazardelalitterature...
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