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Critique de Brooklyn_by_the_sea


Au coeur des ténèbres.
Sarah, la quarantaine, psychologue parisienne, en couple et mère d'une fillette, rencontre Richard K., sexagénaire, violoncelliste autrichien renommé, époux, père et grand-père, dans un musée de Vienne. C'est le début d'une liaison passionnée, de celles dont on ne sort pas indemne, surtout si l'on trimballe déjà un lourd héritage.

Certes, il s'agit d'une énième histoire d'adultère, mais celle-ci se distingue des autres par son cadre : le microcosme intello-psychanalytique, où les personnages analysent et s'auto-analysent en permanence, et se croient à l'abri (ou au-dessus) des affres de l'amour et du désir. le récit est très dense, très intériorisé -très "français", dans le genre rohmérien (pour donner une image cinématographique).
Mais l'ensemble n'est jamais ennuyeux, car l'auteur inscrit son histoire sous le signe du mal, en faisant s'entrecroiser nombre de tares de notre monde : crises climatique et migratoire, déportation et expériences nazies, folie héréditaire, colonies d'Afrique et exploitation sexuelle, inceste et maltraitance, etc.

C'est donc dur et très sombre, mais étrangement prenant. L'écriture clinique et maîtrisée de Sarah Chiche, et la sincérité de son personnage principal, sont hypnotisantes. J'ai été fascinée par les immersions éthérées dans le passé, entre cauchemar et réalité, et je garderai longtemps en mémoire certaines scènes et images, tant la puissance d'évocation de l'auteur est violente.
J'ai beaucoup aimé ce roman sans concessions, ce portrait peu amène d'une femme qui n'hésite pas à rogner jusqu'à l'os l'histoire familiale et la sienne pour toucher la vérité. J'ignore s'il s'agit d'une autobiographie, d'une autofiction ou d'une pure fiction, mais le résultat est saisissant, dérangeant, asphyxiant. Et tellement humain.
Forcément, on en sort un peu cabossé.
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