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Critique de andman


En ce 19 novembre 1975, à part le vent qui vient de la sierra de Guadarrama, chacun à Madrid retient son souffle. Celui qui depuis quatre longues décennies dirige le pays d'une main de fer, le Généralisme Franco, n'en finit pas de mourir.
L'après-franquisme tant espéré par certains, tant redouté par d'autres, est dans tous les esprits, ainsi la famille de d'industriel madrilène José Ricart a bien conscience qu'une page de l'histoire espagnole se tourne.

Don José a 75 ans aujourd'hui mais la réception qui sera donnée ce soir en son honneur chez son fiston Tomás et sa belle-fille, la snobinarde Olguita, ne l'enchante guère. Un dîner au restaurant en tête à tête avec son ami le commissaire Maxi Arroyo aurait été plus convivial, au moins aurait-il pu en toute décontraction converser avec celui qui jour et nuit veille sur la protection rapprochée du caudillo.

Don José est un homme pragmatique, la fabrique de meubles qu'il a créée au sortir de la guerre civile fait vivre confortablement le clan Ricart mais le peu d'envergure de Tomás, maintenant gérant, l'inquiète.
L'aîné de ses deux petits-fils, Josemari, est le portrait falot de son père ; son frère Quini est d'une intelligence vive mais son intransigeance gauchiste l'interpelle.
En ces temps incertains don José s'interroge sur l'avenir mais malheureusement pour lui sa femme doña Amalia ne lui est d'aucun secours, elle a progressivement perdu la tête ces cinq dernières années.

A travers les états d'âme des membres de cette famille bourgeoise, Rafael Chirbes brosse un portrait de la société espagnole profondément marquée par quarante années de dictature franquiste.
Les petites gens ne sont pas oubliés dans « La chute de Madrid » comme Lurditas, la bonne d'Olguita, dont le compagnon Lucio vient d'adhérer à Avant-garde révolutionnaire, comme Lina, la maîtresse du commissaire Maxi, ou encore les étudiants agitant les drapeaux rouges et républicains dans les amphis.
Face à cette jeunesse surexcitée par les espoirs de changements, les forces réactionnaires veillent au grain : les phalangistes bien sûr, mais aussi les Guerriers du Christ Roi ces paramilitaires proches du carlisme ou encore les gars de l'Opus Dei loin d'être des enfants de choeur...

Ce roman, paru en France en 2003, m'avait bien plu à l'époque. Sa relecture m'a tout autant enthousiasmé cette semaine et je vous encourage à vivre avec ces nombreux personnages le dernier jour du régime franquiste, le dernier jour de cauchemar d'une Espagne coupée du monde, assoiffée de liberté et de démocratie.
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