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Critique de Sofiert


"Je voulais écrire sur l'expérience quotidienne et commune mais néanmoins imméritée des femmes autour de moi, sur le désespoir, l'épuisement et la peur que nous ressentons sans autre raison que le fait que nous sommes des femmes", a déclaré Cho dans un e-mail via un traducteur. "Je voulais aussi que cette histoire ne soit pas seulement une oeuvre de fiction, mais une biographie très probablement réaliste de quelqu'un là-bas."
Cho Nam-joo a davantage écrit une allégorie sur la condition de la femme coréenne qu'un roman sur un personnage nommé Kim Jiyoung.
Car même si elle livre des bribes d'informations sur son existence de l'enfance à l'âge adulte, même si elle l'entoure d'une famille, son héroïne qui porte le nom le plus ordinaire qui soit, mène la vie ordinaire d'une jeune coréenne et tend ainsi à incarner toutes les jeunes femmes coréennes obligées de sacrifier leur carrière pour leur famille.

Dans une prose minimaliste étayée par des données sociologiques, l'auteure va dérouler les atteintes à l'égalité homme-femme que chacune va expérimenter au cours de son existence.
La discrimination sexuelle va commencer in utero, puisque de nombreuses femmes, dont la mère de Kim, sous la pression familiale, ont choisi d'avorter si elles étaient enceintes de filles. La différenciation va se poursuivre dans chaque famille : les garçons sont dispensés des tâches ménagères, ont davantage à manger et des loisirs plus nombreux. À l'école, ils bénéficient systématiquement des meilleures conditions. Les études des garçons sont prioritaires et davantage valorisées, la recherche d'un emploi bien plus facile.

L'auteure n'a pas choisi un personnage de fiction, mais la représentation d'une femme qui évolue dans un environnement sexiste, qu'elle soit dans sa famille, à l'école ou dans le monde du travail. C'est bien parce que chaque coréenne a reconnu les discriminations qu'elle subit au quotidien, qu'un débat national, et même une polémique masculiniste, ont pu se dérouler en Corée.
Pour ancrer davantage son récit dans une réalité contemporaine, l'auteure évoque le phénomène désigné par le terme "molka" qui consiste à placer une caméra dans les toilettes pour femmes des entreprises et à diffuser les images sur des sites pornographiques.

L'important pour l'auteure n'étant pas, il me semble, de faire oeuvre littéraire, mais bien d'éveiller les consciences, le livre est un succès, confirmé par son succès commercial et les réflexions qu'il a suscitées.
Les lectrices occidentales, à peine débarrassées de certains comportements, ne pourront cependant pas s'empêcher de noter la permanence de l'attitude compatissante de certains partenaires masculins toujours prêts à " aider".
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