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Critique de Christophe_bj


« Vous savez, tout le monde veut sortir le livre de la rentrée. » ● Un éditeur parisien vieillissant, Delafeuille, doit trouver le livre de la rentrée s'il souhaite conserver son poste. Sinon, la directrice commerciale ne le ratera pas (« C'était une femme intelligente, méchante, brune. D'une plastique intéressante, en même temps repoussante, comme ces magnifiques couteaux de cuisine avec lesquels on sait qu'on va se blesser. »). Pour ce faire, il va passer une semaine chez un écrivain dont les conceptions des relations femme/homme sont plutôt dépassées et ringardes et qui porte le même prénom que l'auteur, Luc. Pourtant, sa femme Delphine est aussi belle que rayonnante et intelligente. D'ailleurs Delafeuille ne sera pas insensible à ses charmes, frustré qu'une femme aussi pleine de qualités échoie à un macho comme Luc. ● J'avais lu le Polar de l'été de Luc Chomarat, qui ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable. ● Son dernier opus, le Livre de la rentrée, commence bien et on se régale de la mise en abyme et des jeux entre la réalité et la fiction. Delafeuille est à la fois un personnage de ce roman et en est « l'éditeur de fiction », discutant de ce qu'il vient de vivre comme s'il venait de le lire. Cela crée bien sûr un décalage amusant, comme un défaut de perspective, comme dans un tableau de Picasso. ● A cela s'associe la thématique de l'édition germanopratine, du diktat commercial, des auteurs créés de toutes pièces dans l'espoir d'un coup – même si leur livre « c'est de la merde » – , du copinage et du népotisme (cet auteur qu'on édite parce que c'est le neveu d'une des directrices et à propos de qui il faut absolument dire qu'on a reçu son manuscrit par la poste…)… La satire du milieu est amusante et malheureusement sans doute à peine caricaturale. « Un bon texte est un texte qui se vend. […] Bon, vous savez comme moi ce qui marche. le capitalisme c'est pas bien, et ça il faut le dire, il faut avoir le courage de le signifier courageusement. Quoi d'autre ? La planète est en péril, d'après ce que j'ai entendu dire… Et puis les femmes, oubliez ce que j'ai dit, les femmes qui en ont marre, c'est toujours une bonne idée… Et la maladie, le malheur sous toutes ses formes. Un peu de cul. du cul féministe, évidemment. Je ne vais pas vous apprendre le métier. […] Ce sont les vieilles qui lisent des livres. Les vieilles. Bientôt elles seront toutes mortes. Les teenagers, non. […] Fais comme les autres, fais croire que t'es progressiste, que tu votes à gauche. » ● Une autre dimension du récit est constituée par les rapports femmes/hommes, la vigilance de tous les instants qu'il faut observer dans l'ère post-MeToo, et alors même que tous les machos n'ont pas disparu, y compris parmi les auteurs. Que dire d'un homme écrivant sur une femme ? Quid du « male gaze » dans ce cas ? « Publier un livre est devenu compliqué. Il y a tant de mots qu'on ne peut plus employer. Tant de thèmes qu'on ne peut plus aborder. » ● Malheureusement le procédé de la mise en abyme, utilisé jusqu'à la corde, finit par être lassant, d'autant qu'il ne peut mener qu'à une aporie. le dernier quart du livre m'a paru à cet égard bien longuet…
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