Dans la catégorie manipulateur de lecteurs,
Luc Chomarat se place dans le peloton de tête, que ce soit avec L'espion qui venait des livres ou
Un trou dans la toile. le polar de l'été - qui n'en est pas un - ne dépare pas.
Le narrateur, ex-publicitaire viré et reconverti dans l'écriture romanesque, est en vacances au bord de la mer avec sa sculpturale troisième femme, ses enfants, l'amie de son épouse et les siens et une excitante baby-sitter de 17 ans pour s'occuper de tous ces gamins.
Il est beaucoup question de livres, d'écriture et d'un vieux polar dont le narrateur se souvient. Il appartenait à son père et le faisait rêver, enfant, à cause de sa couverture avec étendue maritime et plage alors que son père refusait tout voyage à la mer. Et, sur les bords de l'Atlantique, mû par la pénurie d'idée qui tourne à la peur de la page blanche, ce vieux roman de série B tourne à l'obsession : il faut qu'il le retrouve.
S'ensuit une quête aussi dérisoire que bien racontée. Les recherches du narrateur sont l'occasion de revue de détails sur son parcours familial, pas mieux du côté parental et fraternel que du côté conjugal et paternel. L'ouvrage fourmille de références à pléthore d'auteurs. Comme lui a écrit un roman que tout le monde classe dans la catégorie polar, il dépense beaucoup d'énergie à expliquer que non, il ne lit pas que de la littérature policière contrairement à sa femme qui enchaîne
Michaël Connelly, Jo Nesbø et tous ces auteurs nordiques qui ont tant de succès.
Pourquoi pas lui, que diable? Il a une vision et est certain de pondre LE polar de l'été en recopiant - pardon, s'inspirant - de l'introuvable Pas de vacances pour les durs.
C'est drôle et mordant. Ayant travaillé lui-même dans
la publicité,
Luc Chomarat émaille son récit de marques et de clins d'oeil aux techniques de marketing. le polar de l'été offre un agréable moment de lecture où l'on sourit beaucoup même si c'est parfois de façon "j'ai mordu dans un citron". Il épingle avec efficacité les travers du quotidien des couples et des familles en général, les ''guerres" de clans littéraires entre les tenants de la "vraie" littérature contre ceux des oeuvres dits de genre comme les polars ou la science-fiction (qui peuvent également s'écharper entre eux bien sûr).
Assez jubilatoire avec le ton qui va bien.